David Bernet : Democracy
Celles et ceux pour qui les arcanes du cheminement législatif européen n’ont plus de secrets ne tireront pas grand-chose de ce documentaire. Mais ils ne sont pas nombreux. Le grand mérite du film est donc d’exposer au grand jour ce processus, afin que les néophytes ou les curieux puissent en comprendre les rouages et les compromis… ou compromissions. À l’heure où l’Union européenne se voit critiquer de toutes parts, un documentaire salutaire pour ses citoyens sur un sujet pas si technique et éminemment important, pour critiquer et voter en connaissance de cause.
L’évaluation du woxx : XX mehr lesen / lire plus
Sorte de métadocumentaire animalier aux images superbes montées avec un anthropomorphisme scénarisé, le film a bénéficié du soutien financier de plusieurs sociétés abonnées au greenwashing et… de la principauté de Monaco. Parfaitement inoffensif donc dans son message compatible avec l’écologie politique bon teint.
Comme les « dorayakis », ces pâtisseries fourrées à la pâte de haricots rouges sucrée, le film se laisse déguster si l’on prend le temps d’y adapter son goût. Plus intimiste, moins internationale, Naomi Kawase signe là une œuvre moins résolument ambitieuse où la grande histoire s’invite certes un peu, mais qui fait surtout la part belle aux relations humaines filmées au plus près. Calme, reposant et émouvant à la fois.
Roschdy Zem est un bon réalisateur, on le sait au moins depuis « Bodybuilder », et c’est peut-être son film le plus ambitieux. Car l’histoire du premier artiste noir de music-hall dans une France encore anesthésiée par l’éblouissement colonial aurait pu virer à la démonstration antiraciste béate. Mais le film évite cet écueil et se fraie un chemin habile entre divertissement (numéros de cirque hilarants), critique sociale et portrait de la déchéance d’un artiste au fond comme les autres.
« Mon principe, c’est de dire un maximum de choses avec un minimum de mots. » Nous voilà prévenus : avec Anise Koltz, pas de flots de paroles, pas de digressions, mais une concentration de phrases qui n’a pas peur de s’arrêter et de laisser place au silence. N’a-t-elle d’ailleurs pas écrit : « J’empile paroles et jours / dans ma tête » ? 
Une petite pause de louanges et d’autocongratulations pour le cinéma luxembourgeois et ses nombreuses coproductions à l’occasion des 25 ans du Film Fund, et la quête de nouvelles récompenses peut reprendre. En ce mois de janvier, les regards se tournent donc vers Sundance, le plus important festival américain de films indépendants, diapason de la distribution en salles pour l’année. La coproduction luxembourgo-hollando-irlandaise « Mammal », de la réalisatrice Rebecca Daly avec l’actrice australienne Rachel Griffiths (« Six Feet Under ») figure dans la compétition pour les films étrangers. Le film raconte l’histoire d’une femme qui, après la perte d’un fils adolescent, s’engage dans une relation ambiguë avec un jeune sans-abri. 
Tous les clichés du film de sport y passent, c’est vrai. Mais Sylvester Stallone est finalement plus sympathique en has-been qu’en boxeur qui en veut, et Michael B. Jordan se débrouille pas mal dans le rôle du « fils de » qui doit assumer un héritage compliqué. Quant au réalisateur Ryan Coogler, il a la bonne idée de ne pas trop forcer sur les scènes de boxe avant, évidemment, le grand finale. Moins sportif, plus émotionnel : une agréable surprise.
Les souvenirs d’un garçon qui ne tenait pas en place et qui s’improvise guide pour ensuite exercer ce métier pendant des décennies : c’est l’argument du dernier livre d’Henri Losch paru chez Binsfeld. Le début, en forme de récit d’enfance, est particulièrement touchant. Par contre, la suite devient répétitive, chaque chapitre étant consacré à un pays et une description linéaire de voyage où les rares incidents sont évacués en quelques lignes. Losch glisse bien quelques anecdotes liées au grand-duché, comme ce voyage à Rome où l’on retrouve un certain Erny Gillen ou le fait que des palplanches sorties des aciéries grand-ducales aient été utilisées pour déplacer les ruines de Philae en Égypte, mais le tout donne plutôt l’impression d’un placement de produit pour un grand voyagiste local. 
La pianiste luxembourgeoise Cathy Krier sera mardi prochain à la Philharmonie, dans le cadre d’une étape « Rising Stars » du réseau des salles de concert européennes. Ceux qui ne pourront s’y rendre écouteront avec plaisir son dernier CD : elle y propose un programme axé sur l’évolution de la musique tonale vers le sérialisme, en passant par l’atonalité dont elle dit cependant que « la liberté absolue vient souvent comme un frein ». Des pièces de Liszt, annonciatrices des bouleversements musicaux du 20e siècle, viennent clore ce voyage en compagnie de Schönberg, Berg et Zimmermann. Les morceaux relativement courts permettront même aux néophytes d’entrer dans ce répertoire particulier. 
Pour réussir, il faut travailler dur, avoir de bonnes idées, du culot, ne pas craindre de s’endetter et de tout perdre plusieurs fois pour enfin savourer un succès mérité. Cette fable tirée d’une histoire vraie qu’on croirait tout droit sortie de l’« Amérique pour les nuls » a quelques fulgurances et bénéficie de l’impeccable prestation de Jennifer Lawrence, mais finit par lasser en restant toujours du côté des bons sentiments.
Une jolie bluette campagnarde, certes peu vraisemblable, où se révèle le talent de Benjamin Lavernhe qui joue un jeune homme attachant atteint du syndrome d’Asperger. Virginie Efira, dans un rôle enfin plus intéressant que l’éternelle potiche de service, prouve qu’elle est aussi une actrice. Entre les blockbusters des fêtes, une petite parenthèse plutôt agréable et pas prétentieuse pour un sou.
Décidément en vogue, la veine poético-contemplative ne réussit pas à tous les films : Jean-Pierre Bacri s’enferme dans son personnage de ronchon et le grain de folie du film est tellement anticipé qu’il n’arrive que trop tard, alors que le spectateur a déjà été rebuté par le manque d’équilibre entre présent et flash-back.
Majoritairement éreinté par la critique, et pas forcément à tort : confondant parfois langueur et longueurs, Angelina Jolie Pitt a peut-être présumé de ses forces pour cette réalisation estampillée art et essai. Mais certains risques à l’écran paient, et c’est toujours mieux que du Lelouch !
