Récemment inaugurée à l’Institut Camões, l’expo « Printemps Luxembourg » réunit vingt dessins et collages plus ou moins printaniers de l’artiste portugaise Sofia Areal.
Le choix du nom de la nouvelle expo du centre culturel portugais était pour le moins en symbiose avec la météo généreuse du début du mois. Sofia Areal y expose depuis le 6 mars plusieurs œuvres déjà passées par des institutions telles que le Centre d’art moderne de la fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne, la fondation Serralves à Porto (Suzanne Cotter, l’actuelle directrice du Mudam, en a été la directrice) ou encore le Musée d’art contemporain de l’île de Madère.
L’exposition se divise en trois parties compatibles avec les trois espaces muraux de l’Institut Camões. En même temps, elles forment trois tranches chronologiques (2014-2015, 2016-2017 et 2017). Cette dernière phase est sans nul doute celle qui constitue le noyau principal de « Printemps Luxembourg ». Ce sont aussi ces quatre peintures sur bois en acrylique issues de cette année qui se présentent dès l’entrée. En mode circulaire, on est engouffré dans une spirale de couleurs primaires vives aux motifs abstraits. Si au Centre Pompidou de Paris certaines œuvres de l’expo permanente présentent un avis mettant en garde les personnes souffrant d’épilepsie, les quatre peintures circulaires précitées seraient le parfait antidote. Le visiteur est confronté à une sagesse vive, abstraite et maîtrisée. Une sagesse innée, comme inspirée du prénom de l’artiste. Dans un documentaire de 2016, le réalisateur Jorge Silva Melo compare Sofia Areal à une ballerine et athlète qui s’entraîne. Il déclare également que ce qui lui plaisait était de voir l’artiste « penser en peignant et peindre en pensant ».
La phase 2014-2015 est quant à elle la plus minimaliste et abstraite de l’expo. Non dépourvue d’intérêt, elle nous présente sept peintures imprégnées de gribouillages à l’encre de Chine. Les ambiances sont à l’image de la météo de la semaine dernière – peu printanières. Mais elles insufflent une certaine légèreté. La phase 2016-2017 offre à son tour neuf peintures constituées d’assemblages. Dans l’ensemble, celle-ci est la moins intéressante, semblant parfois avoir été créée dans un cadre scolaire.
Globalement, les quatre peintures circulaires du début donnent un véritable sens à l’intitulé de l’expo. Toutefois, elles seraient insuffisantes à elles seules pour constituer une présentation complète. Deux parties restantes sont purement accessoires, sans aucune transition logique les unes vers les autres. Elles permettent néanmoins à tout néophyte de découvrir Sofia Areal. L’on aurait aussi voulu voir au moins l’une ou l’autre peinture expressément créée pour le Luxembourg. Sinon, l’impression que l’artiste ou le curateur auraient tout simplement réuni quelques-unes des œuvres déjà exposées auparavant, lui donnant à la fin un titre bien solaire, risque de se produire.
La logistique entourant la présentation de l’expo est de nouveau aussi minimaliste. Les sympathiques fonctionnaires de l’Institut Camões n’y sont sans doute pour rien, devant sûrement se plier à un budget d’austérité dicté par Lisbonne. Mais c’est aussi une aubaine pour les puristes – ici, pas de merchandising en tout genre, mis à part les tableaux qui, eux, sont commercialisables. En tout cas, un printemps ensoleillé au grand-duché, lui, n’a pas de prix.