Si la culture occupe une place toujours plus importante dans la vie des résident·es, l’enquête sur la vie culturelle au Luxembourg fait aussi ressortir des inégalités d’accès. Pour les corriger, un nouveau plan d’action sera mis en place.

Les fêtes, traditions et spectacles de rue sont les événements culturels les plus populaires, comme ici la procession dansante d’Echternach. (© David Edgar/Wiki Commons)
« La culture doit être accessible à toutes et à tous, partout sur le territoire », tels sont les mots d’ordre prononcés par le ministre de la Culture Eric Thill (DP), lors de la présentation des résultats de l’enquête sur la vie culturelle au Luxembourg, lundi 19 mai. Alors que l’enquête sur les pratiques culturelles de 2009 avait déjà montré une hausse de la fréquentation des lieux culturels par rapport à celle de 1999, les chiffres de 2024 témoignent d’une nouvelle progression. Aujourd’hui, 82 pour cent des résident·es considèrent la culture comme importante dans leur vie. Mais, derrière ces résultats encourageants, des écarts persistent selon la zone géographique, la situation socio-économique, ou encore le niveau d’éducation des résident·es. L’enquête sur la vie culturelle au Luxembourg, commanditée par le ministère de la Culture et réalisée par ILRES (Institut luxembourgeois de recherches sociales), met ainsi en lumière les défis qu’il reste à relever. Pour mener cette enquête, un échantillon représentatif de 1.981 résident·es âgé·es de 16 ans et plus ont été interrogé·es du 16 septembre au 9 octobre 2024.
Dans l’ensemble, trois quarts des personnes interviewées considèrent l’offre culturelle de leur région d’habitation comme attractive. Sans surprise, la région Centre affiche le score le plus élevé (81%), suivie par la région Sud (74%) et la région Est (67%), tandis que seuls soixante pour cent des habitant·es de la région Nord partagent cet avis. En effet, l’accessibilité aux lieux culturels à moins de quinze kilomètres varie fortement selon les régions. Tandis que la région Centre se distingue par un accès à tous les types de lieux culturels pour au moins les trois quarts des résident·es et que seuls les musées et les théâtres ne font pas partie du palmarès de la région Sud, les régions Est et Nord bénéficient d’un accès moindre. Dans ces régions, seuls les sites historiques respectent les critères d’accessibilité de l’enquête, auxquels s’ajoutent tout de même les centres culturels (pour l’Est) et les écoles de musique et/ou conservatoires (pour le Nord).
Au-delà de ces différences territoriales, le taux de fréquentation des lieux et événements culturels au cours des douze derniers mois diffère selon le profil des répondant·es. Les fêtes, traditions et spectacles de rue sont les plus populaires avec 89 pour cent des résident·es qui y ont assisté au moins une fois dans l’année. Mais, si les musées et les expositions sont bien fréquentés de manière générale (72%), les habitant·es de Luxembourg-Ville (85%) et celleux ayant terminé des études supérieures y sont toujours majoritaires (79%). La moitié des répondant·es, et notamment les personnes actives (63%), privilégient le week-end pour les visites culturelles.
Plusieurs obstacles

(Photo : Yolène Le Bras)
Les principaux obstacles pour accéder aux lieux et aux événements culturels cités par les résident·es sont le manque d’information sur l’offre proposée (33%), le manque d’intérêt vis-à-vis de celle-ci (26%) et le prix des billets trop élevé (23%). S’ensuivent des problèmes de disponibilité avec des horaires qui ne conviennent pas, des trajets jugés trop longs, ou encore un manque d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Afin d’améliorer l’offre culturelle, les sondé·es par l’ILRES établissent trois grandes priorités que seraient davantage de publicité sur l’offre culturelle existante (37%), une meilleure connaissance de l’histoire locale (28%) et un renforcement de la présence d’artistes (26%). D’autres défis sont mentionnés, comme celui de proposer une offre culturelle moins chère (20%), plus inclusive (15%) et mieux adaptée aux différentes situations familiales (12%), notamment en incluant davantage les enfants et adolescent·es. Les interrogé·es soulignent aussi l’importance de préserver ou rénover le patrimoine local (20%) et celle d’accéder à un enseignement artistique (18%).
Les résultats de cette enquête montrent que la culture est ancrée dans le quotidien de la plupart des résident·es du Luxembourg mais aussi que son accessibilité peut être encore améliorée. D’après le ministre de la Culture Eric Thill, ces chiffres constitueront une base précieuse pour élaborer le plan d’action « Accès à la culture » avec, comme prochaine étape, un échange avec les acteurs du secteur lors des «Assises culturelles » le 25 juin.