Face au risque d’une grève dans l’enseignement secondaire, Claude Meisch s’attaque frontalement aux syndicats.

(Photo : FLICKR/JEROMEG111)
Claude Meisch en a marre des syndicats de profs. C’est du moins ce qu’il a laissé entendre mercredi, lors d’une conférence de presse au sujet du conflit dans l’enseignement secondaire, qui l’oppose au SEW, à l’Apess et à la Féduse. Mardi, la conciliatrice chargée de rendre possible un compromis entre les deux parties avait constaté l’échec de la procédure. Après la dernière séance de conciliation – qui s’était soldée par une proposition de compromis (woxx 1318) à soumettre au vote de tous les professeurs -, des divergences quant au compte rendu de la séance avaient émergé (woxx 1321).
Le ministère de l’Éducation nationale avait reproché aux syndicats d’avoir publié une version « non finalisée » du procès-verbal. Les syndicats avaient, eux, reproché au ministère d’avoir fait des « rajouts » au texte qui lui laisseraient plus de marge de manœuvre que négocié.
Avant le vote de la base de cette semaine, les syndicats avaient déclaré qu’ils rejetaient unanimement la proposition d’accord et avaient appelé les professeurs à voter « non » (woxx 1322). Après l’échec de la conciliation, il reste encore une dernière étape avant la grève : la médiation. Dans les 48 heures après la signature de la non-conciliation, un médiateur censé proposer un compromis devra être désigné.
Mais que veulent ces gens ?
« Je suis obligé de remettre en question la bonne volonté des syndicats », a déclaré Meisch. C’était, pour lui, l’occasion de revenir sur l’histoire de ce conflit qui dure déjà depuis bientôt un an. « L’intention derrière le paquet avenir était de faire des efforts collectifs afin de rééquilibrer les finances publiques », a-t-il ainsi expliqué. « Alors que nous procédons à des investissements massifs dans l’éducation, je pensais qu’une contribution solidaire et plutôt symbolique (des professeurs, ndlr) pourrait aider à financer ces dépenses supplémentaires. »
S’il se dit convaincu de la « plus-value du modèle luxembourgeois » et de la nécessité d’avoir des syndicats forts, pour Meisch, la responsabilité du blocage actuel incombe clairement aux représentants des professeurs : « Deux fois, nous avions un accord, deux fois, les syndicats se sont désistés. » C’est oublier, ou ignorer, ce que les présidents des trois syndicats ont répété à qui voulait l’entendre – notamment au woxx – après le dernier rendez-vous chez la conciliatrice : « Nous n’avons pas d’accord, mais une proposition d’accord. C’est à la base de décider maintenant. » Mais c’est surtout la prise de position des syndicats avant le vote de la base qui énerve Meisch : « Nous avions conclu que les deux côtés allaient faire des efforts pour donner une image positive du compromis en public. »
« Que veulent ces gens ? », s’est demandé Claude Meisch mercredi, pour se répondre tout de suite : « J’ai compris d’où vient cette attitude des syndicats : ils veulent à tout prix faire grève. » Alors que les syndicats semblent donc être en train de préparer la voie à une grève à la rentrée scolaire, Meisch les attaque frontalement : « Quand je vais dans les écoles, il y a beaucoup d’enseignants qui viennent me voir et qui me disent qu’ils ne se sentent pas représentés par les syndicats. » Ce qui l’amène à la conclusion suivante : « Il faut que nous trouvions d’autres voies de dialogue avec les enseignants. »
Pour le ministre, il pourrait bien y avoir d’autres raisons pour le blocage : le rôle des comités de professeurs notamment, qui, depuis le début du conflit, semblent être la force motrice derrière l’attitude combative des syndicats. « Si j’étais à la place des syndicats, je me ferais du souci. Leur pouvoir pourrait, à la longue, être compromis. »
Dans tous les cas, Meisch reste fidèle à lui-même et à son rôle de « hardliner ». « Si la procédure de médiation se solde, elle aussi, par un échec, le gouvernement saura prendre ses responsabilités. »