La galerie Zidoun & Bossuyt nous plonge en pleine saison estivale avec son exposition « Summertime » − une belle occasion d’admirer la production d’artistes qu’autrement on n’aurait pas découverts.
Intuitivement, le regard se tourne dès l’entrée de la galerie vers la gauche et les tableaux de Goodwin Champs Namuyimba. Cet artiste ougandais et résidant à Kampala travaille des portraits justement issus de ce que les psychologues appellent « la troisième forme de l’intelligence » : l’intuition. Ses sujets viennent à lui, s’imposent carrément à sa vision d’artiste et contraignent l’œil du public à les contempler. Ce qui peut étonner, vu leur coloration douce et leurs formes molles : ils ne crèvent pas la toile – mais c’est justement leur discrétion qui attire, la part de mystère qui subsiste dans les personnes portraiturées tout comme les arrière-fonds qui rappellent les maîtres auxquels se réfère Namuyimba, Paul Cézanne et Juan Gris.
Pour mieux contraster, à l’opposé des peintures de Namuyiamba se trouvent de nouvelles œuvres du peintre japonais et résident new-yorkais Tomokazu Matsuyama. Ce n’est pas la première fois qu’il vient au Luxembourg, ni à la galerie Zidoun & Bossuyt, qui lui avait consacré une exposition monographique en 2015. Reflétant son lieu de résidence et ses origines dans ses tableaux, il y mêle intelligemment l’iconographie nipponne, sa délicatesse et ses figures si connues aux codes visuels du pop art. Une belle retrouvaille en tout cas.
Plus actuelles et plus politiques – surtout dans le cadre de Black Lives Matter – sont les images que crée Yashua Klos, né à Chicago et travaillant à Los Angeles. Ces collages sont plus qu’une forme d’expression, car leur mode de création reflète l’inspiration de l’artiste la plus présente : la fragmentation de l’identité afro-américaine. Ses têtes surdimensionnées et son travail de couleurs pastel – avec une préférence pour le bleu − captent immédiatement l’attention. L’effet cubiste obtenu par la technique du collage y ajoute une certaine incertitude, voire malaise visuel certainement recherché par l’artiste.
Les deux autres artistes américains présents dans ce « Summertime » s’expriment par des sculptures : il y a d’abord celles de Brian Rochefort, originaire du Rhode Island, mais travaillant aussi à Los Angeles. Il faut s’en approcher pour reconnaître qu’il s’agit de céramiques, très finement travaillées. La série de « Paint Cans » exposée est un hommage à l’atelier du peintre Francis Bacon, dont il existe une fameuse image qui détaille le chaos créatif de l’artiste. La technique de Rochefort est fastidieuse, se basant sur des matériaux primitifs ; il brise et repasse les essais au four pour les colorier par la suite et reprendre le processus jusqu’à ce qu’il soit satisfait.
Puis il y a l’unique femme dans l’exposition, Summer Wheat (qui n’est pas un pseudonyme). L’habitante de Brooklyn a concocté des sièges, dont les formes rappellent des pierres arrondies trouvées dans des rivières, qu’elle a couverts de mosaïques. Des œuvres créées pendant la pandémie et honorant le toucher et l’échange d’histoires – en contraste avec la cage digitale dans laquelle nous nous retrouvons tous.
Finalement, une belle découverte africaine attend encore un peu à l’arrière de la galerie, avec les tableaux du Nigérian John Madu, autodidacte qui vient des sciences politiques. Ses créations éclectiques sont pleines de petites références culturelles occidentales comme d’autres parties du monde. Ses portraits semblent inviter à la réflexion et à la rêverie – et on a vraiment envie de s’y perdre. Bref, pour célébrer l’été, rien de mieux qu’un petit tour au Grund.
Jusqu’au 24 juillet.
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