Avec « No Man’s Land. Espaces naturels. Terrains d’expérimentation », le Mudam propose une exploration de la nature et des défis écologiques à venir à travers les regards d’artistes très divers.
Que le changement climatique soit devenu une réalité indéniable est une évidence dont chacun-e d’entre
nous a pu faire l’expérience ces dernières semaines. La canicule, les feux de forêt, les algues bleues dans le « Stau » sont des phénomènes qui s’installent dans la durée. Tout comme les discours catastrophistes qui nous accompagnent depuis les années 1980 et les premières prises de conscience des désastres climatologiques et écologiques à venir. Mais, force est de constater que ces discours peuvent aussi estomper et que celles et ceux qui nient l’impact humain sur la nature ont toujours un puissant lobby (industriel)
derrière eux.
« No Man’s Land. Espaces naturels. Terrains d’expérimentation » échappe à ce manichéisme en mettant en avant des visions subjectives de l’impact humain sur la nature, sans pour autant tomber dans des réquisitoires politiques. Pour entrer en matière, l’exposition propose « Mobile Bio Type – Jungle », installation composée d’une serre avec des plantes vivantes montée sur un chariot de vendeur de rue – et qui fait écho à l’œuvre la plus connue de cet artiste américain, originaire du Massachusetts, le « Neukom Vivarium » installé à Seattle. Plus drastique, l’expérience que montre « Arriba ! » de Paul Rosero Contreras, artiste équatorien : en 2017 il avait installé un plant de cacao dans l’Antarctique (une région recouverte d’une jungle elle-même il y a 50 millions d’années). En ajoutant du son à l’image disposée, il crée un antagonisme puissant où l’importance de l’humain disparaît presque.
Pourtant, l’œuvre la plus imposante est certainement « Prelude to the Collaps of the Northern Atlantic » de Brandon Ballangée. L’artiste américain, qui est aussi biologiste et chercheur à la faculté de Baton Rouge en Louisiane, y a construit une véritable pyramide composée de bocaux de formol dans lequel sont exposés 115 spécimens d’animaux marins, trouvés dans l’Atlantique Nord – et qui représentent cinq pour cent de la diversité biologique. Sauf que certains récipients sont vides : ceux-ci symbolisent les espèces déjà éteintes de l’océan. Dans cette installation qui assome un peu le spectateur par sa taille, l’importance de la présence humaine est à la fois mise en avant et relativisée.
L’absence de l’humain est, elle, au centre de « 489 Years », un film d’animation de Hayoun Kwon. La réalisatrice sud-coréenne s’est intéressée à la zone démilitarisée qui sépare en deux la péninsule coréenne. Large de 4 kilomètres, cette zone est devenue un véritable refuge pour la faune et la flore locales. Une
situation ironique, vu qu’il s’agit de l’endroit le plus militarisé au monde, totalement tapissé de mines dispersées par des avions américains et impossibles à localiser. Le film se base sur le récit d’un patrouilleur sud-coréen qui raconte ses expériences : les animaux qui sautent sur les mines, les rondes nocturnes avec la trouille au ventre et aussi un événement cathartique mêlant danger de mort et beauté naturelle.
Plus ironiques mais dans la même veine : Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla (originaires des États-Unis et de Cuba) se sont intéressés de plus près à Puerto Rico et plus précisément à l’île voisine de Vieques. Sous contrôle des États-Unis depuis 1898, les militaires américains l’utilisaient comme base et comme terrain de tir depuis 1941. Quand en 1999 un habitant de l’île est tué par une bombe, les protestations forcent l’armée la plus puissante du monde à décamper. Dans leurs trois vidéos, les artistes montrent de façon ludique comment les Viequenses se réapproprient peu à peu leur territoire : en parcourant l’île en motocyclette munie d’une trompette comme pot d’échappement par exemple, le bruit des bombes et des missiles est chassé symboliquement.
« No Man’s Land. Espaces naturels. Terrains d’expérimentation » est une belle exposition, petite et compacte mais tellement riche en visions différentes qu’elle en vaut le détour.
Au Mudam, jusqu’au 9 septembre.
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