Voir l’art comme un autre possible, tel est le thème de la dernière exposition en date à la galerie Zidoun-Bossuyt. Au point de l’affirmer dans son titre : « Un autre monde est possible ».
Il s’agit d’un doux pléonasme que de voir la création comme une réalité alternative. Les artistes se plaisent à déformer le monde pour l’accorder à leur regard. Triturer ses fêlures, s’inspirer de ses souffrances, mais aussi magnifier ses beautés sont le pain quotidien des esprits créatifs.
L’idée de l’exposition « Un autre monde est possible » est venue à sa curatrice, Martine Feipel, sur invitation de la galerie Zidoun-Bossuyt. Cet autre possible devait être composé d’œuvres d’artistes luxembourgeois-es suivi-e-s depuis plusieurs années et dont elle a pu constater les évolutions récentes. L’occasion aussi de confirmer la vitalité de la scène créative locale, entre valeurs sûres et étoiles montantes.
Artiste elle-même, Martine Feipel s’est jouée de la contrainte du thème pour composer un tour d’horizon de ces mondes particuliers. Assemblés, ils deviennent un monde à part entière, un voyage immobile ou presque. Une déambulation inconsciente dans un univers qui se dévoile pas à pas.
Dans la galerie, le visiteur découvre ainsi les derniers travaux de dix artistes. Ils sont tous déjà reconnus, comme la valeur montante Filip Markiewicz avec son tableau « Welcome », radeau de la Méduse médusé, hommage décomplexé au chef-d’œuvre de Géricault. Des corps décharnés sur un radeau, voguant vers l’inconnu.
Quand le style grandiose du 19e siècle rencontre la pop culture du 21e, le miroir des mondes est saisissant. Il montre aussi que l’interprétation est fondamentale dans la quête d’un nouveau monde. Que cette possibilité passe aussi par le regard contemplateur et pas seulement par l’acte créatif.
Dans les salles suivantes, les installations d’un Serge Ecker, les photographies d’un Andrès Lejona ou du duo composé par Martine Feipel et Jean Bechameil jouent de leurs pouvoirs d’attraction et de répulsion. Certaines œuvres s’opposent frontalement pendant que d’autres se répondent dans une logique muséographique à la troublante évidence.
Au milieu des pièces, les œuvres d’Eric Schumacher et de Roger Wagner donnent de la perspective aux choix de la curatrice. L’espace est occupé et forme un monde à part, dans lequel il faut évoluer, éviter les obstacles que sont les créations qui habitent ces lieux de plein droit.
L’œil doit s’habituer à la lumière naturelle, à la pénombre, aux néons dans une promenade déstabilisante et troublante. Le tout fait son effet et Martine Feipel atteint son objectif. Un autre monde est bien possible. Loin des contingences cartésiennes des lois de la physique, ces inventions particulières donnent un sens à la quête artistique.
Une exposition pas comme les autres, qui a choisi de se donner du sens par une recherche polyphonique. Une muséographie pensée, orchestrée après un travail sur le sens des mots. Pas seulement l’empilement d’un maximum d’œuvres sans autre priorité que de se montrer.
À la galerie Zidoun-Bossuyt, jusqu’au 22 décembre.
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