Le touche-à-tout luxembourgeois d’origine polonaise Filip Markiewicz revient au Casino pour y exposer sa vision radicale du monde, dans une « Celebration Factory » intense et dérangeante.
Sélectionné en 2015 pour représenter le grand-duché à la Biennale de Venise, Filip Markiewicz n’est pas un inconnu du grand public. Il avait alors impressionné par l’intensité de son esprit créatif. L’œuvre présentée, « Paradiso Lussemburgo », se voulait une interprétation personnelle de l’eldorado luxembourgeois, dans un style caustique qui ne pouvait laisser indifférent.
Dans sa nouvelle création, « Celebration Factory », Filip Markiewicz s’en prend aux dérives du monde actuel sans pour autant en faire une tribune politique. À travers des dessins, vidéos, musiques et autres performances, l’artiste dresse un constat implacable, souvent glaçant, parfois drôle, des excès du capitalisme.
Cela va du billet de 100 dollars à l’effigie de Donald Trump, avec une Marine Le Pen aux yeux bandés devant des enfants africains affamés, jusqu’aux vidéos de concerts de rap capturés au hasard de ses pérégrinations. Le point commun ? La puissance des images au cœur d’une mondialisation des idées, ce flux incessant et incontrôlable de l’information.
Filip Markiewicz compare ainsi les citoyens européens à des Bela Lugosi digitaux. Le premier acteur à avoir interprété Dracula pour le grand écran est devenu immortel grâce à ce rôle. L’omniprésence du digital a à son tour offert une forme d’immortalité accessible à chacun, mais une éternité floue et fragile.
L’exposition se veut évolutive et changera au fil des semaines, à la manière d’un laboratoire artistique. « Celebration Factory » cherche à créer un langage artistique fluide qui permettrait de répondre à l’époque, dont le mouvement perpétuel est quasiment impossible à capturer. Commencée en 2016 au Centre d’art contemporain de Northampton, au Royaume-Uni, « Celebration Factory » voyage et se transforme, voire recule pour mieux avancer.
La folle créativité de Filip Markiewicz aime ainsi à se débarrasser des contingences et des codes de l’art pour évoluer dans cette forme de liberté salvatrice. L’exposition continuera de se métamorphoser pendant deux mois et sa forme finale ne sera peut-être pas celle de son finissage luxembourgeois. Bien au contraire, le vernissage aura peut-être été plus proche de la réalité. Mais qu’importe à l’artiste, tant que l’inspiration nourrit sans lassitude la bête autonome qu’il a créée ? De Dracula à Frankenstein, l’idée de la perte de contrôle est sous-jacente.
Dans d’autres lieux, « Celebration Factory » prendra alors un tout autre relief, portée par l’espace qui l’accueille comme par l’humeur de l’artiste. En se jouant des codes de l’art, Filip Markiewicz redessine sans cesse les frontières de cette œuvre. Le visiteur peut s’amuser à revenir pour constater les évolutions, les retournements qui font la richesse de l’entreprise. La fabrique de la fête n’en devient que plus étourdissante.
Au Casino – Forum d’art contemporain, jusqu’au 9 décembre.
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