Folk-Clupp : « De vrais dinosaures »

En 2002, nous avons fêté le 25e anniversaire du Folk-Clupp. Et nous revoici pour lancer la célébration du 40e. Entretien avec Marco Uhres, Martine Goergen et Jérôme Levy.

Marco Uhres, Martine Goergen et Jérôme Levy, trois des cinq dinosaures du comité du Folk-Clupp. (Photo : Paca Rimbau Hernandez)

woxx : Y a-t-il des changements à signaler depuis 2002 ?


Folk-Clupp : Bien sûr. Pour commencer, le nombre de membres du comité s’est réduit à cinq : Marco Uhres, Martine Goergen, Jérôme Levy, Marc Espen et Aloyse Harles. De vrais dinosaures ! Et la vie est devenue un peu plus compliquée pour le Folk-Clupp, notamment en ce qui concerne l’organisation. Désormais, il faut programmer bien à l’avance. Autrefois, si nous rencontrions un groupe qui nous plaisait, nous appelions Fernand, du Sang a Klang, et lui demandions si telle ou telle date était libre et nous organisions la soirée. Actuellement, il faut avertir les salles au moins six mois à l’avance !

Vous démarrez vos festivités dimanche 29 janvier, avec un concert des Klezmatics à neimënster. Ce sont de vieux amis, n’est-ce pas ? Avez-vous fait des choix spéciaux pour fêter votre anniversaire ?


Avant de parler programmation, nous tenons à remercier le ministère de la Culture, car sans son soutien financier nous n’aurions pu organiser presque rien cette année. Si nous avions dû compter sur nos seules réserves, notre anniversaire aurait été triste. Nous avions déjà invité les Klezmatics en 1995, dans le cadre des festivités de la capitale européenne de la culture. C’est le groupe le plus haut de gamme que l’on puisse trouver dans le domaine de la musique klezmer. D’ailleurs, il faut dire que nous ne proposons que des groupes de très haut niveau. La qualité est pour nous le critère de sélection essentiel. En été, nous serons présents lors du festival OMNI, à neimënster, avec un concert qui sera dévoilé le moment venu. La seule chose que nous avançons, c’est que les femmes seront à l’honneur. Ensuite, le 4 octobre, toujours à neimënster, nous avons programmé Madame Baheux. Encore les femmes à l’honneur ! En novembre ou décembre, nous présenterons un groupe exceptionnel, Voxtra, dont les membres proviennent de cinq pays différents : Sardaigne, Albanie, Madagascar, Finlande et Belgique. La date et le lieu exacts sont encore à confirmer. Et nous clôturerons notre 40e année avec un concert de musique irlandaise, qui restera une surprise jusqu’à ce que la date approche.

Vous avez laissé entrevoir des difficultés financières…


En effet. Malheureusement, le Fonds culturel national ne nous soutient plus, ce qui réduit sérieusement nos possibilités. Nous devons présenter des projets à long terme et cela nous empêche d’engager des musiciens, car nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les payer. Plutôt que de laisser partir un artiste sans son argent, nous le payerions de notre poche !

« Mais ce qui nous attriste davantage, c’est que les actuels programmateurs ne tiennent pas compte du travail que nous avons accompli. »

Est-ce que l’esprit et le comportement des musiciens ont changé ces dernières années ? 


Nos expériences sont très positives. Les musiciens sont très sympathiques. Les rencontres se passent toujours bien, dans la simplicité et la convivialité. Nous n’en connaissons pas qui se comportent comme des super-
stars. Au contraire ! Cette qualité des rapports s’établit également avec le reste de l’équipe, les techniciens des salles y compris. D’ailleurs, le Folk-Clupp n’a pas pour but d’organiser des concerts avec de grandes stars, pour gagner de l’argent, car nous ne sommes pas du tout une entreprise commerciale. Nous avons toujours proposé des concerts à la recherche de la nouveauté, de l’avant-garde, du jamais vu. Notre but a toujours été de faire découvrir au public de nouvelles musiques. Un principe qui nous inspire aussi, c’est que même pour une trentaine de personnes, cela vaut la peine d’organiser un bon concert. Même si on perd de l’argent, ce qui est presque toujours le cas.

Et depuis 40 ans, vous réussissez à vous mettre d’accord entre vous pour choisir les artistes à inviter ? Cela ne doit pas toujours être facile !


Parfois c’est dur. Il arrive que nous ne partagions pas le même avis, parce que nos préférences ne coïncident pas, mais nous discutons toujours franchement. Nous sommes une équipe qui fonctionne démocratiquement. Et même si quelqu’un n’aime pas trop un style, mais reconnaît que le groupe est de très bonne qualité ou qu’il s’agit d’un genre peu connu ici, il finit par accepter. Nous avons réussi à garder un équilibre qui respecte les goûts de chacun, toujours mettant en avant la qualité et le caractère novateur des groupes que nous proposons.

Et il n’y a jamais eu de groupes « imposés » ou des regrets ? 


Marco Uhres : Ah… En 1987, pour un festival à Steinsel, une agence m’avait proposé le groupe Slagerij Van Kampen. Mes collègues disaient : « Mais c’est quoi, ça ? » J’étais tellement persuadé que c’était une bonne proposition que j’ai donné un coup de poing sur la table. Et ce fut un énorme succès ! Et j’ai un regret. Une agence allemande nous avait proposé Ali Farka Touré pour un cachet tout à fait abordable. Mais des treize membres que nous étions alors au comité, trois étaient pour et dix contre. Suivant les règles démocratiques, nous n’avons pas organisé ce concert. Et après, hélas, c’était trop tard.

Et le public ? Est-ce qu’il a changé ? 


Le public a vieilli avec nous. Maintenant les anciens ne sont plus si présents. Il en reste quelques-uns, mais les gens ont d’autres occupations. En plus, actuellement il y a des concerts partout. Aujourd’hui, avec l’internet, c’est facile de repérer les groupes et de trouver des contacts et presque tout le monde peut organiser un concert.

Et vous êtes passés du Pfaffenthal au Grund…


Depuis 2005, et surtout depuis 2012, neimënster nous accueille régulièrement. Nous sommes heureux de cette excellente collaboration, qui a démarré avec Claude Frisoni et qui continue avec la nouvelle équipe.

Vous évoquiez la prolifération de concerts et de salles…


En ce qui nous concerne, nous les « folk-cluppistes » sommes restés des idéalistes et c’est difficile de rivaliser avec des établissements qui ont d’énormes budgets qui leur permettent d’organiser plein de concerts. Mais ce qui nous attriste davantage, c’est que les actuels programmateurs ne tiennent pas compte du travail que nous avons accompli, que nous ne soyons jamais appelés à collaborer. Ceci est pénible. Il n’y a pas de collaboration entre les programmateurs « officiels » et les associations qui, comme la nôtre, œuvrent depuis longtemps pour le développement culturel et musical au Luxembourg.

Quel avenir pour l’émission « Lidderhanes » ?


Marco Uhres : Elle continuera, bien sûr ! Et cette année nous fêterons notre 25e anniversaire, comme Radio Ara !

Pour suivre la programmation du 
Folk-Clupp : www.folk-clupp.info

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