Elle était réfugiée juive, lui allait devenir grand reporter. Ensemble ils ont vécu la guerre. Le woxx a retrouvé la première épouse de Gordian Troeller.

Ruth Troeller et son biographe Stephen Murray Kiernan, ce 7 août (source : Facebook)
« La ville entière semblait en attente et presque murmurer : allons-y, commençons ! tant l’attente était insupportable » : c’est ainsi que Ruth Troeller décrit l’atmosphère à Luxembourg dans les jours précédant l’Occupation qui, pour elle, sont avant tout liés à une histoire d’amour, et qui dure toujours.
Née Kahn, Ruth était la fille d’un couple de Juifs allemands réfugiés au Luxembourg depuis quelques années, et l’homme qu’elle a aimé contré la volonté de ses parents s’appelait Gordian Troeller, le futur grand reporter luxembourgeois, auteurs d’innombrables films documentaires et lauréat de l’Adolf-Grimme-Preis.
Depuis Lisbonne, ils organiseront ensemble le passage de nombreux réfugiés vers le Royaume-Uni. Après la guerre, leurs chemins se séparent. Amie d’André Malraux, disciple de Sartre et de Jaspers, élève de Heidegger, Ruth Troeller partira en Angleterre, puis au Mexique où elle vit depuis 30 ans et où elle a enseigné à la United States International University. En 2013, un ami, Stephen Murray Kiernan, rédige sa biographie à partir de 40 heures de conversations et à la demande de la bibliothèque de Stanford qui conserve les carnets de Ruth Troeller (entre 70 et 80 volumes).
« La mémoire à court terme de Ruth diminue », écrit Stephen Murray Kiernan au woxx, qui a retrouvé sa trace. « En termes de santé physique, elle va plutôt bien pour son âge, même si elle a besoin d’aides-soignants et ne peut plus se déplacer toute seule ».
Retrouvez le portrait de Ruth Troeller dans l’édition du 17 août prochain.