Notre conseil de série : Peaky Blinders

Série plus british que british, « Peaky Blinders – Gangs of Birmingham » entreprend de revisiter l’histoire anglaise de la première moitié du du 20e siècle, tout en construisant un univers mafieux digne de ses pendants américains.

Souvent, dans « Peaky Blinders », les chemins mènent au cimetière. (Photos : BBC)

La ville industrielle de Birmingham, quelques mois après la fin de la Grande Guerre. Les trois frères Thomas, Arthur et Finn Shelby sont revenus vivants du grand massacre, mais ont laissé une grande partie de leur santé mentale dans les tranchées de la Flandre, voire en dessous, vu qu’ils officiaient tous dans une unité de creuseurs de tunnels.

Entre-temps, c’est leur tante Polly qui a mené le business familial : l’organisation de paris sur des courses hippiques et le trucage de ces dernières. La famille aux origines gitanes irlandaises rêve d’ascension sociale et s’est sédentarisée dans la crasse industrielle de Birmingham. Le clan Shelby et son gang de « Peaky Blinders » règnent sur le quartier de Small Heath en maîtres incontestés. C’est surtout Thomas qui est revenu avec le plus d’ambitions et le moins de scrupules. Il va tout mettre en jeu pour enrichir son clan.

Entre communistes qui rêvent de révolution armée, policiers corrompus et brutaux, organisations gouvernementales secrètes, mafias italienne, juive et américaine, aristocrates russes en débandade, banquiers et fascistes, le clan Shelby essaie de se frayer un chemin en amassant au passage autant de richesse que possible. Cela ne va pas sans risques, et parfois les pertes à engranger sont dures et les protagonistes prêts à craquer.

Si l’histoire est centrée sur Thomas Shelby (joué par le toujours cool Cillian Murphy), celui-ci ne serait pas grand-chose sans le reste de sa troupe. Certes, il est de loin le plus intelligent, celui qui a toujours un plan invraisemblable et pas toujours exécuté comme il faut, mais sans l’aîné Arthur (Paul Anderson), personnage déchiré par l’alcool, la drogue et la violence et le plus calme John (Finn Cole – dont le frère Joe a aussi un rôle majeur dans la série), son personnage flotterait au-dessus de la mêlée sans jamais toucher le sol.

Tante Polly, un des principaux personnages et femme sûre de son flingue.

La place faite aux femmes dans « Peaky Blinders » est aussi un signe que dans le storytelling, les choses changent. C’est avant tout la figure de tante Polly (Helen McCrory) qui fascine : femme forte et vulnérable en même temps, elle est consciente de sa condition et se bat contre toute tentative d’exclusion. Aucune décision du clan n’est prise sans avoir son aval. Un peu moins mise en avant, la petite sœur du clan, Ada (Sophie Rundle), est d’un côté bien sûr la coqueluche protégée par ses grands frères, mais aussi une personne à part entière, ne serait-ce que par ses fermes convictions communistes – qu’elle va pourtant troquer au cours des saisons contre le confort matériel de faire partie d’une des organisations les plus riches de sa région.

Les ennemis du clan sont aussi nombreux que divers au cours des saisons : on compte un flic véreux (campé majestueusement par Sam Neill), un religieux plutôt branché Ancien Testament dans sa lutte contre les communistes (Paddy Considine), un mafieux italo-américain en quête de vendetta (Adrien Brody) ou encore le fasciste Oswald Mosley en personne (Sam Clafin).

Le fait que des années fictionnelles s’écoulent entre les saisons laisse au producteur Steven Knight assez de place pour plonger dans différentes époques, faisant même le clan Shelby perdre une fortune avec le crash de Wall Street en 1929.

Autre particularité, le choix de la bande originale. Au lieu de se laisser composer un accompagnement musical dernier cri, « Peaky Blinders » mise sur le génie de la pop anglo-saxonne des dernières décennies, créant souvent des scènes qui peuvent paraître anachroniques, mais qui, si on se prend à écouter et interpréter les paroles, sont de petites merveilles. Outre Nick Cave, dont « Red Right Hand » est la chanson titre, on retrouve ainsi PJ Harvey, Radiohead, Arctic Monkeys, The Kills et d’autres perles.

Quant à la suite attendue (surtout vu le monumental cliffhanger à la fin de la dernière saison), il faudra patienter un peu. Le peu d’infos à glaner sur le net mise sur une diffusion à partir de janvier 2022, le tournage ayant été interrompu pour des raisons de pandémie. D’ici là, il reste donc pas mal de temps pour se replonger encore une fois dans les cinq premières saisons.

Sur BBC One et Netflix.

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