Revenant du jazz au classique, le vibraphoniste Pascal Schumacher a présenté ce mercredi sa première grande œuvre, « Rosace.8 » – quelques grands moments, malgré une atmosphère souvent trop sucrée.
Un an de travail pour en arriver à cette soirée : l’émotion est lisible sur le visage et traduite par les paroles que Pascal Schumacher adresse au public (venu en grand nombre) assis dans le grand auditorium de la Philharmonie. Pour un musicien avant tout connu pour ses performances dans le jazz, jouer avec les musicien-ne-s de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg (OPL) n’est pas rien, surtout quand il s’agit de ses propres compositions.
Certes, Schumacher n’est pas le premier musicien de jazz à s’être rapproché de la musique classique à un moment ou un autre de sa carrière – on pense notamment à l’œuvre tardive du grand Charles Mingus. Toujours est-il que le vibraphoniste et compositeur luxembourgeois a choisi pour son projet de délaisser totalement toute connotation jazzy. « Rosace.8 » est une œuvre composée de dix morceaux, qui se tient dans un vocabulaire musical plutôt néoclassique. Ce sont surtout les premières pièces qui restent très, voire trop sages. Une mélodie simple jouée au vibraphone provoque une réponse de l’orchestre, lequel entame alors un dialogue musical, qui souvent ne parvient pas vraiment à décoller. C’est très édulcoré, à la limite parfois de la mièvrerie. Bref, on pense beaucoup à de la musique de film, voire pour bande dessinée – ce qui a du moins le mérite d’évoquer une écriture musicale visuelle et cinématographique.
Ce n’est qu’en cours de soirée que d’autres éléments viennent se rajouter aux compositions de Pascal Schumacher, comme des percussions et des détournements d’instruments (notamment les violons). Ce sont aussi ces morceaux qui sont soulevés par un rythme soutenu, quoique primaire, et faisant penser à la techno analogique de temps en temps. On est certes loin des expériences menées par des groupes comme Aufgang par exemple, mais le son est résolument plus en adéquation avec l’époque.
Finalement, « Rosace.8 » ne manque certainement pas de maîtrise, mais un peu de courage – il y a un espace qui reste encore à explorer entre casser tous les codes et rester dans le mainstream.