Le tapis rouge a été déroulé pour accueillir au Naturmusée les trésors autoproclamés des institutions luxembourgeoises. Jusqu’à la fin de l’été, cette muséographie originale propose de redécouvrir la richesse du patrimoine du pays.
Difficile travail que celui des musées d’histoire naturelle. Si leurs fonds sont impressionnants, renouveler l’expérience de visite est délicat tant les codes de leur muséographie semblent figés. D’où cette idée originale du Naturmusée d’innover sans pour autant révolutionner son offre muséale.
Avec l’exposition « Unexpected Treasures », l’approche se veut ludique et originale. À la manière d’une chasse au trésor, le musée met en avant le patrimoine des instituts culturels de l’État luxembourgeois. Neuf d’entre eux sont représentés. Mais n’espérez pas les dossiers cachés des services secrets du Srel ou les dernières révélations sur le Bommeleeër. Vous y trouverez plutôt des documents pas si surprenants tout droit sortis des Archives nationales, du Centre national de littérature ou encore du Centre national de l’audiovisuel.
Le parcours est ainsi divisé en huit grands thèmes, qui mettent en valeur pas moins d’un million d’objets. Tous, à leur manière, racontent l’histoire du Luxembourg, de ses traditions et de ses mutations. La réussite de l’exposition tient dans ce juste équilibre des huit thèmes d’un patrimoine matériel et immatériel. Au lieu de s’en tenir à un classique cheminement chronologique, de grands ensembles sont mis en valeur. Les « témoins de l’histoire » y côtoient les « histoires naturelles ».
La Constitution de 1848 se trouve par exemple proche du squelette du dromadaire de Mamer, tandis que l’accord de Schengen fait face aux cadeaux des pays étrangers, mais aussi à la faune locale. Un aigle majestueux déploie ses ailes au-dessus des paraphes des grands de ce monde. Qui sont finalement bien petits face à l’histoire naturelle. L’inévitable accent mis sur la langue luxembourgeoise est également au rendez-vous, affirmant à nouveau son caractère indiscutable. D’ailleurs, les panneaux d’information sont en luxembourgeois et en anglais, pour ceux qui en douteraient.
Ce mélange des genres, de prime abord désordonné, capte l’attention tant il déroute. Certains objets valent ainsi autant pour ce qu’ils sont que pour ce qu’ils racontent. D’autres « trésors » le sont réellement, pièces uniques d’objets inestimables.
Reste la question de l’histoire officielle véhiculée par une telle exposition. Les « Unexpected Treasures » du titre ne sont finalement pas si surprenants, un peu comme si les vrais trésors restaient cachés dans les institutions de l’État. Mais ceux-ci auront peut-être aussi droit à une exposition, dans quelques années, inaugurée elle aussi en grande pompe par le gouvernement et le grand-duc.
En attendant, la visite est un plaisant exercice de style. Les habitués des institutions du pays ne seront pas perdus. Les autres profiteront de l’occasion pour voir en un seul lieu des objets et autres documents d’habitude disséminés partout au grand-duché. Rien que pour cette raison, un petit détour par le « Naturmusée » s’impose cet été. En plus, il est climatisé.
Au Naturmusée jusqu’au 28 août.
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