« Psychiko », considéré comme le premier polar grec, vient d’être réédité aux éditions 10/18 : l’occasion de retrouver une période révolue tout en savourant la langue et le récit de Paul Nirvanas.
Rééditer des ouvrages tombés justement ou injustement dans l’oubli peut être un risque éditorial. Mais en cas de réussite, ce n’est pas uniquement l’auteur qui ressuscite, mais toute une époque tombée aux oubliettes. C’est le cas avec « Psychiko » de Paul Nirvanas. Considéré comme le premier polar grec (paru en feuilleton en 1928), le titre se réfère à un quartier malfamé d’Athènes où une jeune femme vient de se faire sauvagement assassiner. Ce crime odieux va fasciner un certain Nikos Molochantis, jeune romantique languissant en train de dépenser la fortune paternelle dans les bars et les hôtels de la capitale. En quête de gloire éternelle, l’ex-étudiant en médecine qui n’a jamais terminé sa première année se met en tête de revendiquer le meurtre de la jeune inconnue, que les médias décrivent comme une femme de la haute société. Assez vite, Molochantis réussit à se faire arrêter, et son plan semble fonctionner : les jeunes filles de la vieille aristocratie tombent en pâmoison devant le meurtrier idéaliste et il est la coqueluche de la prison. Toutefois, le bon Nikos n’avait pas calculé son coup dans les moindres détails…
Ce qui fascine dans la lecture de « Psychiko », c’est la modernité et la fraîcheur tant du style (qui n’est pas fleuri du tout mais concis et psychologisant) que du contenu. Le rôle des médias par exemple a un grand poids dans les prises de décision du protagoniste. La société tout entière est décrite comme une machine infernale qui fonctionne selon des codes stricts et précis. Et l’engrenage mis en branle par Molochantis rend le récit haletant. Dommage que Paul Nirvanas, Pétros K. Apostolidis de son vrai nom, n’ait pas écrit plus de polars qui nous feraient revivre une époque si lointaine et pourtant si proche.
Réédité en poche par les éditions 10/18.