« Particulaars », l’exposition de Jeff Sonhouse à la galerie Zidoun-Bossuyt, est une immersion dans le travail d’un peintre qui connaît ses classiques et ne néglige pas la technique pour convaincre.
On connaît le goût de la galerie Zidoun-Bossuyt pour la peinture américaine de combat, récemment exposée avec des toiles de Jean-Michel Basquiat. Cette fois, c’est un peintre bien vivant qui fait escale sur les bords de l’Alzette. Mais Jeff Sonhouse, à New York, n’inonde pas le marché de ses œuvres : il peint à son rythme, sans frénésie. La galerie souhaitait enfin réaliser une exposition qui lui serait entièrement consacrée, après avoir montré plusieurs pièces dans des expositions collectives. Elle a donc dû déployer des trésors de persuasion pour s’assurer un quota suffisant d’œuvres.
Bien lui en a pris cependant, car à la visite on comprend rapidement que la réputation de Sonhouse n’est pas usurpée. D’abord, parce qu’il ne néglige pas la technique au profit du concept : ses personnages sont clairs, bien esquissés et colorés avec une minutie digne des grands maîtres du passé. Et l’histoire de l’art, ça le connaît : au fil des toiles, on peut identifier des hommages appuyés qui vont des masques africains traditionnels à Pablo Picasso.
Prenons par exemple « Culprit Strange », qui emprunte l’Arlequin du maître espagnol pour le replacer dans un contexte africain, jouant du contraste entre losanges colorés et fond de jungle mystérieuse et un rien menaçante. Accrochée dans une perspective qui traverse la galerie depuis l’entrée, l’œuvre, de loin, donne l’impression d’être en trois dimensions, démultipliant ainsi son effet d’opposition classique entre ombre et lumière. Mentionnons aussi « Our Blues Don’t Jibe », réplique du drapeau afro-américain créé par David Hammons. Le noir de la peau, le vert des richesses naturelles de l’Afrique, le rouge du sang versé pour la libération d’un peuple forment la base du tableau. Sonhouse constelle ensuite celui-ci de visages de Noirs, qu’il évoque par leurs cheveux et leurs barbes au moyen d’allumettes. Elles ont été consumées après avoir été disposées sur la toile : le crépu est ainsi rendu tout en laissant une trace de fumée. Une métaphore particulièrement forte.
Car, on l’a vu, la peinture de Jeff Sonhouse est aussi peinture de combat, peinture de revendication des droits des Afro-Américains. Il met sa technique au pinceau sûr et sa connaissance de l’histoire de l’art au service de sa cause, sans s’interdire la provocation. Alors, il transperce des têtes aux traits caractéristiques – toujours les cheveux et la barbe crépus, avec quelquefois un gel acrylique comme substitut aux allumettes – par des piques qui sortent dangereusement de ses toiles. Il blanchit également de sa palette un homme noir, tout en l’affublant d’un chapeau à la Al Capone et en transformant ses parties génitales en fusil à double canon. À la violence un peu en retrait de la jungle de l’Arlequin ou du drapeau revisité, il oppose ainsi une violence frontale qui force à s’interroger. Une exposition forte à découvrir.
Jusqu’au 23 octobre.
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