Photographie : Le paysage dans tous ses états

Dans le cadre du Mois européen de la photographie, les expositions sont nombreuses dans tout le pays. Arrêt sur images à Neimënster, où sont montrées les œuvres de cinq photographes de la Grande Région ayant obtenu la bourse « Regards sans limites ».

Une composition issue de la série « Psittacula » de Patrick Galbats. (Photo : woxx)

Quel regard portent les jeunes photographes sur le paysage ? À l’occasion des dix ans de la bourse « Regards sans limites », destinée à soutenir la création photographique régionale émergente, le cloître Lucien Wercollier se voit investi par les arbres, les feuilles ou les animaux, dans des propositions aussi variées qu’intéressantes.

Les œuvres d’Anne-Sophie Costenoble (Belgique) ouvrent l’exposition. En majorité prises en Norvège, elles s’attachent à des détails : quelques fleurs, un visage, une croix… sans jouer sur l’arrière-plan, avec une stricte composition du style « un cliché, une idée ». La lumière nordique les baigne d’un expressionnisme en noir et blanc discret, mais bien présent. Au sein du poème de Margarida Guia qui accompagne l’agrandissement d’un renne dans le lointain, habilement inséré dans l’espace architectural du cloître, on peut lire : « tu plonges tes yeux tête / des larmes le long du cou / le sabot à l’oreille ». La syntaxe rejoint le désir d’efficacité choc des clichés.

Florian Glaubitz (Allemagne) a le même souci du détail, mais lui s’en approche encore plus près. Il crée en couleurs ou en noir et blanc des gros plans où le détail devient histoire, tel ce trou dans un chandail qui peut raconter une usure progressive autant qu’un accroc malencontreux. Mais le photographe se fait aussi vidéaste, en continuant sur la lancée des détails avec le suivi méticuleux d’une paire de chaussures ou le passage (sensuel ? machinal ?) d’une main dans une chevelure. Si le paysage naturel n’est pas ici présent, c’est un paysage onirique qui s’invente à partir de n’importe quel détail, fût-il manufacturé.

Thilo Seidel (Allemagne), lui, prend le thème au mot avec ses « NeonForests » : la lumière artificielle y transcende les images de fourrés ou d’arbres, créant ainsi d’irréelles atmosphères aux couleurs mystérieuses. Émilie Vialet (France), elle aussi, propose un voyage dans le paysage de façon littérale, mais documente les effets du feu dans les parcs nationaux américains. Dans sa série se mêlent des images liées tant aux phénomènes naturels qu’au réchauffement climatique d’origine humaine, pour montrer notre rapport équivoque à la nature pourtant nourricière.

Enfin, Patrick Galbats (Luxembourg) offre de petits poèmes photographiques urbains où la nature se fond dans l’activité humaine et vice-versa. Ces instantanés sont de véritables petites pilules poétiques qui capturent l’émotion d’un moment. Le photographe expose également un aperçu de sa série « Psittacula », qui entend présenter une curiosité bruxelloise : les innombrables perruches à collier qui peuplent les arbres de la capitale européenne.

Conformément à la vocation transnationale de la bourse « Regards sans limites », l’exposition sera itinérante. On la retrouvera donc à la Saärlandiches Künstlerhaus de Sarrebruck en septembre-octobre, puis en 2022 en Lorraine. Ce sera l’occasion de faire profiter un maximum de visiteurs et visiteuses de ces cinq regards variés, qui incarnent une photographie contemporaine résolument moderne, sans toutefois trop pencher vers les techniques expérimentales.

Jusqu’au 6 juin, dans le cloître 
Lucien Wercollier de Neimënster.

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