Photographie
: L’UE dans la lumière… 
photographique


La Maison de l’Union européenne propose « Ombres et lumières », une exposition consacrée aux travaux en noir et blanc de membres du photo-club du Cercle culturel des institutions à Luxembourg. Les sujets et traitements éclectiques y suscitent des impressions variées.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en cette période de Brexit, l’attention portée à l’Union européenne est rarement à chercher du côté de la culture. Les artistes qui s’expriment en ce moment seraient plutôt des as de la négociation… ou en tout cas, on voudrait le croire. Mais les institutions européennes sises au grand-duché comptent en leur sein des photographes enthousiastes qui font partie d’un photo-club, et c’est à la découverte de leurs travaux que convie en ce mois d’octobre la représentation de la Commission européenne au Luxembourg.

L’intérêt de l’exposition tient à sa diversité : il faut bien le dire, le banal le dispute au meilleur. Mais puisque la subjectivité est reine dans l’appréciation de l’art, l’éclectisme des sujets, des compositions ou des inspirations génère aussi l’assurance que chacun y trouve des clichés à son goût. Certains bénéficient d’ailleurs de cadrages particulièrement soignés, comme ces vues de Belval dues à Gérard Beckers : si elles ne prétendent pas réinventer la photographie architecturale, elles présentent des points de vue propres à faire redécouvrir l’endroit. Habiles également, les compositions « Garden 1 » et « Garden 2 » de Paula Freitas, qui montrent sur du gazon des structures de bâtiments à peine commencées et probablement déjà abandonnées. Ici, l’abstraction semble porter un message, celui de l’emprise humaine sur la nature, qui se révèle finalement vaine. Et puis la mise bout à bout des châteaux d’eau luxembourgeois de Gediminas Karbauskis est intelligemment réalisée.

À l’inverse, certaines photographies peinent à susciter la réflexion. Prises sur le vif, elles manquent du travail de cadre qui permettrait d’en dégager une véritable atmosphère : c’est ainsi le cas de « Street Zambia » et « Street Mozambique », d’Almyra Knevel Persson, où l’exotisme ne saurait remplacer l’absence de technique, même si on peut imaginer que celle-ci est voulue. Idem pour les vues montagneuses du Népal de Jacques Raybaut, dont la beauté du sujet est un peu légère pour provoquer la réflexion ou l’émotion – peut-être que la couleur y aurait insufflé plus de vie. Le gondolier vénitien de Pierre Cester, quant à lui, souffre d’un certain déjà-vu, malgré sa technique irréprochable.

Un titre énigmatique ou humoristique aurait d’ailleurs pu inverser la tendance pour les pièces exposées qui marquent moins. John Donaldson, par exemple, intitule son cliché « Elle n’est pas collectionneuse… » ; on y voit une femme marcher de dos, se dirigeant vers une rue où des parapluies ont été installés comme une couverture, passant une enseigne où est écrit « Le Collectionneur – achat – vente ». La combinaison entre la photo et son titre est particulièrement réussie. Mais que penser de « Vodka », de Pierre Lindberg, qui n’est autre qu’une bouteille de vodka à la marque apparente, éclairée comme dans une pub ? Peut-être une étude de lumière, mais enfin…

On l’aura compris, dans la trentaine d’œuvres exposées à la Maison de l’Union européenne, certaines sont propres à provoquer l’enthousiasme, d’autres moins. Bien que le fil conducteur de l’ombre et de la lumière soit ténu, quasi un prétexte, il permet cependant de proposer beaucoup de styles différents. Une intéressante manière de découvrir les talents artistiques des fonctionnaires de l’Union donc.

À la Maison de l’Union européenne, jusqu’au 1er novembre.

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