Clervaux n’est pas seulement la ville de « The Family of Man » : elle propose aussi plusieurs expositions photographiques de qualité en plein air. Petite balade automnale.
En se dirigeant vers le centre-ville depuis la gare, on rencontre rapidement la première exposition, « Champagner im Keller », de Nina Röder. Est-ce la localisation dans une rue passagère avec des véhicules garés qui gênent le recul, ou bien tout simplement le manque de contextualisation de ces clichés qui aspirent, on le sent, au décalage ? Toujours est-il que l’impression que laissent ces premières arcades n’est pas forcément durable. Il faut pourtant continuer le chemin, car dès la montée vers le château, tout devient plus calme… et plus intéressant.
Dans le jardin du Bra’Haus II, « Mammoth Hunters », d’Evgenia Arbugaeva, nous plonge dans le quotidien de chasseurs de restes de mammouths laineux, libérés en Yakoutie par la fonte du pergélisol. Un métier difficile, qui exige une longue séparation avec les familles et qui résonne comme une métaphore originale du réchauffement climatique. Le style, naturaliste plutôt qu’artistique, aide à la découverte – et il faut bien dire que la localisation, en plein air, apporte ici un plus. En poussant vers le château, dans le jardin de celui-ci, on arrive ensuite à « Forest and Sky », de Santeri Tuori. Il s’agit ici de compositions en surimpression de mêmes endroits à des époques différentes, qui entendent montrer les métamorphoses de la nature avec le temps. Là aussi, le cadre est idéal pour ce thème, même si on peut tout de même reprocher un certain manque de variété aux clichés d’arbres et de ciels.
Lorsqu’on poursuit la balade vers la place du Marché, on est happé sur le site de l’Échappée belle par les plus grands formats d’« Arctic Zero », de Paolo Verzone. Ce reportage sur l’archipel sous souveraineté norvégienne du Svalbard est très photojournalistique, illustrant les convoitises que suscite cet endroit où le réchauffement climatique − encore lui − permet l’exploitation de ressources auparavant inaccessibles. En effet, toute nation peut y établir une colonie, en raison du statut de neutralité du territoire. Le contraste est garanti entre la vie simple dans les rares communes et les installations minières.
Le chemin vers l’église Saint-Côme-et-Saint-Damien propose une étape dans les secondes arcades, où Jeroen Hofman expose « Zeeland », une évocation en images de sa région d’origine. Des clichés de paysages soignés, qui privilégient la beauté au message. Plus intéressante est la série « North Warning System », de Donovan Wylie, tout en haut du parcours. Ici, on est perdu dans les neiges du Grand Nord, où les États-Unis et le Canada ont construit un système de radars d’alerte. De vastes étendues blanches où se profilent, presque camouflés grâce à leur architecture, des bâtiments militaires : la promenade est plutôt glacée, et conclut le parcours par le thème déjà exploré auparavant des régions arctiques face au réchauffement global. Dommage que la contemplation des œuvres soit gênée par le fait que des véhicules, ici encore, peuvent se garer juste devant. Drôle de jardin que ce jardin de Lélise.
Le parcours à travers le centre-ville de Clervaux dure une grosse heure, si l’on prend le temps de s’attarder devant les clichés les plus parlants. Il serait regrettable de s’en priver, même si l’on a déjà vu (voire revu) l’attraction photographique principale de l’endroit, « The Family of Man ». Cette galerie en plein air de la ville apporte un contrepoint moderne et bienvenu à la vénérable exposition d’Edward Steichen.
Plus d’infos sur les expositions et leurs dates : www.clervauximage.lu
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