Priorité au bio et mesures antigaspi : de nouvelles initiatives en faveur d’une restauration plus saine et plus durable sont désormais appliquées à tous les restaurants des lycées publics du pays.
Davantage de produits bios et locaux et moins de gaspillage : c’est le mot d’ordre de cette rentrée scolaire dans les cantines du pays. À cette fin, depuis le 1er septembre, les lycées publics et l’Université du Luxembourg recourent au système « Supply4Future » pour tous les achats alimentaires. Après une phase de test (woxx 1735) qui s’est révélée concluante, la nouvelle plateforme numérique d’approvisionnement, qui permet aux producteur·rices d’accéder plus facilement à la restauration scolaire, est en effet désormais généralisée aux 117 restaurants et cafétérias exploités par Restopolis, l’administration ministérielle en charge de la restauration scolaire et universitaire.
Conformément à la loi, des appels d’offres publics sont lancés sur cette plateforme, auxquels tous et toutes les producteur·rices et fournisseur·euses intéressé·es peuvent répondre, quelle que soit la taille de leur entreprise. Les offres sont ensuite évaluées selon des critères favorisant les produits bios et locaux, tandis que le prix joue désormais un rôle secondaire dans l’attribution des marchés. « Le critère de la régionalité est crucial. Il nous permet de favoriser au maximum la présence de produits issus de l’agriculture luxembourgeoise dans les assiettes des élèves, et cela via des chemins courts », a déclaré la ministre de l’Agriculture Martine Hansen au cours d’une conférence de presse. « En donnant une priorité aux produits locaux et en particulier biologiques, nous renforçons notre agriculture luxembourgeoise tant dans la diversification de ses produits que dans la transition vers une production durable », a appuyé son homologue à l’Éducation, Claude Meisch.
En plaçant le prix au second plan, les ministres espèrent en effet inciter les producteur·rices à se tourner davantage vers l’agriculture biologique, qui représentait toujours moins de sept pour cent de la surface agricole exploitée du pays en 2022, quand le plan d’action national Bio 2025 vise les 20 pour cent d’ici l’année prochaine. La demande en milieu scolaire est en tout cas présente : durant la phase pilote d’un an, les 13 établissements participants ont eu deux fois plus recours aux produits à la fois bios et locaux que ceux n’utilisant pas la plateforme, dépassant largement les objectifs en la matière du PAN-Bio25 pour l’année 2024. En outre, le « tableau de bord (de la plateforme) sur les achats et l’utilisation des produits dans les cantines permet de formuler les perspectives des besoins de Restopolis », assurant « une plus grande prévisibilité », ont pointé les ministres.
Mais si les aliments bios et locaux vont davantage remplir les assiettes des élèves, pas d’inquiétude à avoir concernant le prix des repas, a assuré Monique Ludovicy, la directrice de Restopolis : « Si le recours à ces produits devait se confirmer avec l’utilisation généralisée de la plateforme, le gouvernement s’est dit ouvert à nous accorder plus de budget. Sachant que les producteur·rices proposant ces produits à un prix raisonnable seraient sûr·es de remporter le marché, cela devrait créer une bonne dynamique. Cette stratégie n’aura aucun impact sur le prix de vente. »
Distribution gratuite
Outre la volonté de recourir à une production plus durable, d’autres mesures ont été mises en place ces dernières années pour limiter l’impact de l’alimentation sur l’environnement dans le cadre scolaire, notamment en matière de gaspillage. Depuis 2017, les usagers des cantines gérées par Restopolis ont ainsi la possibilité de réserver en ligne leur repas, jusqu’à cinq jours à l’avance désormais, ce qui permet aux restaurateur·rices de mieux planifier les quantités. Et depuis janvier, avec le concept « AntiGaspi 2 go », les invendus (produits ou plats chauffés pendant la pause déjeuner) sont distribués gratuitement à la fin de la journée, à raison d’un plat et d’un produit par convive (élève, enseignant·e, employé·e administratif·ive). Les repas non chauffés étant quant à eux reproposés le lendemain comme plats « AntiGaspi ». Au cours de l’année scolaire écoulée, environ 60.000 plats et produits ont ainsi été distribués.
Dans cette même veine, Restopolis a revu ses critères concernant l’aspect des fruits et légumes, et laisse désormais leur chance aux « moches » avec l’action « Ugly food is beautiful » (littéralement : les aliments moches sont beaux).
Restopolis assure aussi vouloir renoncer au maximum à l’utilisation d’emballages et de produits à usage unique dans ses restaurants et cafétérias, où sont désormais d’ailleurs proposés des plats sans gluten pour répondre à une demande croissante et élargir l’offre de produits faits maison.