Minisérie de dix épisodes, « Quand revient le calme » nous dépeint Copenhague avant et après un attentat terroriste qui bouleversera à jamais la vie de huit personnes.
Qu’on ne s’y trompe pas, cette nouvelle production danoise n’y va pas par quatre chemins. Dès les premières secondes, le spectateur et la spectatrice seront quelque peu secoués par une foudroyante tuerie à la kalachnikov dans un restaurant copenhaguois. La suite portera tout simplement un regard sur le parcours de vie de huit personnes qui dînaient tranquillement dans cet établissement, avant et après l’attaque. Ici, on oublie Copenhague, ville des vélos et de l’avant-gardisme écologique. La capitale danoise nous apparaît comme une société où subsistent des problèmes transversaux à d’autres grandes villes européennes. La série aborde des thèmes sociétaux aussi divers que le droit d’asile et la question de la liberté dans les centres de rétention, les difficultés des relations entre parents et enfants, les sans-abri, la toxicomanie, l’inconfort psychologique des seniors dans les maisons de retraite, les mères célibataires, les tactiques tacticiennes entremêlant la justice et la politique, l’intégration des nouvelles générations issues de l’immigration, etc. Tout y passe, même les relations extraconjugales ou encore les hauts et les bas d’un couple lesbien.
L’argument est brillamment écrit par Dorte W. Høgh et Ida Maria Rydén. Le duo parvient à faire tourner tous les personnages autour d’un rond-point complexe pour finalement les envoyer dans une même direction. Petit à petit, les personnages commencent à se lier directement et indirectement, et cette mosaïque d’histoires s’assemble en toute logique. Nous finissons par comprendre pourquoi tout ce beau monde se trouvait au restaurant lors de la fatidique nuit. Il faut dire que la scène de l’assaut, retransmise dans les détails au cinquième épisode et qui dure une bonne dizaine de minutes, est digne d’un film de Tarantino. 23 personnes sont blessées et 19 froidement exécutées comme dans un jeu vidéo. On ne peut s’empêcher d’associer ce moment à ce qui s’est passé au Bataclan lors des attaques de Paris, le 13 novembre 2015, et à l’angoisse vécue par celles et ceux qui se cachaient. Cette fusillade marque aussi la mi-temps de la série. Si la première partie se situait temporellement avant l’attaque et nous dressait un portrait des vies que ces personnages menaient, la deuxième nous plonge quant à elle dans un véritable engouffrement psychodramatique autour des survivants. Après les attentats et après avoir été en face de plusieurs cadavres, un père de famille subit un véritable pétage de plombs et se fait même tatouer « Memento Mori » sur le bras. S’ensuivent d’autres traumatismes et d’autres personnages troublés. D’ailleurs, les aficionados des séries danoises croiseront des acteurs et actrices déjà vus.
Le réalisme est constamment au rendez-vous. L’exemple le plus probant est sans nul doute celui mettant en scène dès le premier épisode un senior handicapé aidé par une infirmière pour ses besoins physiologiques. Même si l’inconfort gratuit n’est pas au rendez-vous, il ne s’agit évidemment pas de la série la plus solaire qui soit. Néanmoins, à l’instar des séries scandinaves en général, « Quand revient le calme » parvient à développer toute une atmosphère de noirceur particulière propre à méduser le spectateur et la spectatrice devant l’écran. Une série idéale pour remettre les pieds sur terre et reprendre les rênes après une trêve estivale sans doute bien méritée, plus d’un an après un attentat sanitaire.