Dans l’affaire de l’audit commandé par la mairie d’Hesperange et que le maire ne veut pas rendre public, la commission d’accès au document vient de trancher – contre la transparence.
La commune d’Hesperange a pendant des années été lésée par deux de ses fonctionnaires communaux, qui ont détourné des fonds de la mairie sur leurs propres comptes. Le dommage se chiffrerait en millions d’euros. L’affaire qui a été découverte l’année dernière avait fait parler d’elle, tout comme l’audit que le maire Marc Lies (CSV) avait commandé au Big Four PWC – oui, vous lisez bien, le PWC des Luxleaks.
Le problème avec cet audit, qui a été payé avec de l’argent public, c’est que Lis refuse de le publier – même s’il le dit utile. Un état de fait mal digéré par notamment le conseiller communal de la capitale et député vert François Benoy, qui a demandé à la ministre de l’Intérieur Taina Bofferding si du moins elle a reçu une copie du coûteux audit et de ses recommandations, si elle les rendra publiques et si elle ne pense pas que de toute façon, ce document devrait être accessible à toutes et à tous. Petit détail piquant: la commission des Finances de la commune est présidée par un certain Jacques Wirtz. Encarté CSV et candidat malheureux aux communales, ce jeune dynamique présente encore une autre qualité intéressante: celle de travailler comme „Digital Strategy Advisor“ pour PWC. Peut-être que l’opposition devrait demander aux collège échevinal comment s’est déroulé le choix du Big Four pour cette commande.
Dans sa réponse, la ministre indique n’avoir pas eu accès à l’audit en tant que tel, mais à une présentation PowerPoint qui résumait les recommandations tirées du travail de PWC. Quant à la question de la transparence, elle a recommandé au bourgmestre d’aller chercher l’avis de la commission d’accès aux documents, instaurée par la loi sur une administration transparente et ouverte – votée l’année dernière.
L’avis de la commission est négatif, ce qui conforte la situation du maire dans cette affaire. Il est pourtant intéressant de regarder de plus près l’argumentation de la commission. Elle a analysé le litige selon cinq articles – voire paragraphes – différents, et elle n’en retient que deux pour exprimer son jugement négatif : les droits d’auteur de PWC et le fait que le document contiendrait des communications internes de l’administration communale. Les autres arguments, notamment une possible entrave à exercer une mission de contrôle de la commune ou à sa capacité de mener à terme des transactions, tout comme les informations personnelles incluses dans le rapport n’ont pas été retenus.
Donc, logiquement si une commune ne veut pas rendre publics ses rapports financés par le denier public et qui doivent servir au meilleur fonctionnement de la chose commune, elle n’aura qu’à payer une grosse boîte d’audit pour le faire. C’est ça la transparence dans le modèle luxembourgeois.