Vernoux Marion: Reines d’un jour

Avec „Reines d’un jour“, Marion Vernoux nous livre une comédie bien sérieuse sur le couple.

Elle voudrait tromper son mari … Karin Viard et Philippe Harel dans „Reines d’un jour“ de Marion Verno

COUPLES A PROBLEMES

Clownesses tristes

(gk) – Il y a les femmes qui arrivent, celles qui restent, celles qui partent et celles qui reviennent. Quant aux hommes … ils subissent.

C’est en tout cas la vision que nous livre Marion Vernoux dans son dernier film „Reines d’un jour“, dans lequel la réalisatrice française met à nouveau en scène son sujet favori: le couple. Et ce dernier va mal.

Hortense est mariée depuis dix ans et mère de deux enfants. Son mari est ennuyeux. Au lieu de le quitter elle se cherche plutôt des aventures extra-conjugales, ce qui n’est pas vraiment gratifiant ces jours-ci.

Luís conduit son bus. Sa femme lui fait la surprise de monter faire un tour avec lui et annonce qu’elle va le quitter dès le prochain arrêt.

Maurice est un ancien cuistot de télé, aigri après une carrière achevée par le départ, il y a 22 ans, de son faire-valoir, Marlène, qui a annoncé qu’elle passerait le voir ce soir. Il l’aimait.

Marie s’est fait engrosser lors d’une cérémonie de mariage qu’elle était venue photographier. Dix minutes de plaisir avec le jeune marié, et la voilà future mère célibataire.

Marion Vernoux suit ces personnages pendant une journée seulement. Cette dernière est particulièrement malchanceuse pour ces hommes et ces femmes. Mais la réalisatrice évite heureusement la vision trop dramatique de ces couples mal en point. Si rien ne marche plus, c’est sur le ton de la comédie qu’on vous le montre … Ou plutôt: qu’on vous le dit. Car si les acteurs et actrices jouent le comique à fond, la caméra de Marion Vernoux les filme avec un sérieux presque académique.

Bubus quotidien

Sergi Lopez fait des merveilles à jouer le chauffeur de bus qui comprendra que sa femme l’aura quitté à cause du train-train quotidien, ou plutôt du „bubus“ dans son cas. Mais la réalisatrice reste très éloignée de ce personnage, qui a pourtant tout pour être attachant. C’est dans ces épisodes-ci qu’elle succombe à la faute inhérente à tout film mettant en scène plusieurs personnages principaux: à trop vouloir montrer tout le monde, on ne fait qu’esquisser les différents rôles et, finalement, on n’apprend à connaître personne.

C’est aussi le cas de Maurice, que Victor Lanoux interprète d’une manière boudeuse, magnifique. C’est un personnage qui se prend très au sérieux. En contre-partie, Marion Vernoux a alors la bonne idée de se laisser aller un peu et de mettre en scène des rencontres fictives avec l’amour d’antan – interprété par Jane Birkin -, qui montrent les exagérations de l’imagination. Mention spéciale ainsi pour l’effet roman-foto de l’une de ces scènes. Et même si le couple Victor Lanoux-Jane Birkin semble assez improbable, Marion Vernoux arrive à le rendre très crédible dans son film.

Mais venons-en aux femmes du film, les véritables héroïnes de l’histoire. Karin Viard fait des prouesses comiques en Hortense, qui cherche trop l’adultère pour sembler intéressante à ceux susceptibles d’être intéressés. Une petite grimace par-ci, un bon mot par-là: c’est d’un comique très fin. Et elle pourrait être hilarante si la réalisatrice ne restait pas tellement détachée. L’unique fois que la caméra devient subjective, elle montre Hortense en train de se noyer. Effet très réussi pour redonner à l’écran le sentiment d’impuissance que le personnage ressent à ce moment-là, mais il faut bien avouer que ce ne sont pas là des scènes à accentuer le caractère comique que s’efforce de faire passer l’actrice.

Quant à la jeune Marie, jouée avec une grande justesse de ton par Hélène Fillières, c’est à elle que les plus grosses poisses arrivent. Elle a beau se dire qu’il faudrait changer quelque chose à sa vie, mais son errance obligée à travers la ville n’est pas apte à donner grand espoir. Heureusement qu’il y a finalement le hasard pour arranger les choses … peut-être.

Marion Vernoux nous livre donc un film au scénario comique, tourné presque comme un drame. Ce qui donne un mélange curieux, qui fait moins rire qu’il ne le voudrait. Quoique, les situations rocambolesques imaginées n’en deviennent que plus crédibles à l’écran. Et c’est sans doute là le véritable bonheur qu’atteindront ces „Reines d’un jour“.

A l’Utopia


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