
Nombreux/ses sont ceux et celles qui exigent que l’art cesse de se cantonner derrière les remparts des musées ou des galeries, dans lesquels les néophytes hésitent souvent à entrer par peur de voir leur manque de culture éclater au grand jour. L’exposition „Artstars“ a été la dernière manifestation en date à être critiquée pour son approche trop populiste. Et pourtant l’agence „51“ a voulu tenter
l’aventure: ici les oeuvres sont carrément jetées en pâture aux regards du premier venu qui passe devant l’espace d’exposition au 51, avenue de la Liberté à Luxembourg-Ville. La collection est permanente, même si elle est renouvelée quotidiennement. Chaque matin, une collaboratrice échange les images alignées dans les vitrines. Ces prises de vue souvent délibérément floues, aux couleurs mornes et délavées attirent désormais bien plus le regard que les sous-vêtements masculins étalés dans les rayons du Monopol juste à côté.
Sur les photographies, on aperçoit des bâtisses à l’architecture obscène, d’une nudité qui n’a plus rien de sensuel – les passant-e-s se retrouvent voyeur-e-s face à ce paysage violé, auquel une politique d’urbanisation sauvage a dérobé toute sa dignité. Appartements, maisons, bureaux – ces objets nous plongent dans une véritable détresse postmoderne, qui en deviendrait presque crise existentielle.
Le texte, qui vient compléter l’oeuvre, avec son écriture délicieusement flashy, façon années 80, renforce encore cette impression: quelques remarques sommaires du genre „1 chambre, 40 m2 “ et – puisque chaque chose a son prix – des sommes si astronomiques qu’elles illustrent bien le caractère absurde, surréaliste de la collection. Et nous rappellent que trouver un bien immobilier à un prix abordable au Luxembourg aujourd’hui – voilà tout un art.