Cinq ans après leur dernière visite dans la Grèce antique avec „La Gloire d’Héra“ , Serge Le Tendre et Christian Rossi reviennent avec un nouvel album tirant son inspiration de la mythologie grecque: „L’Outrage“, première partie de „Tirésias“.
La Jeunesse du Voyant
Le scénariste Le Tendre et le dessinateur Rossi ne sont pas des inconnus. Le premier a entre autres collaboré avec Loisel à l’une des plus grandes bandes dessinées francophones, „La Quête de l’Oiseau du Temps“ (Dargaud); le dernier, très prolifique lui aussi, a pris la relève de Giraud pour la série „Les Aventures de Jim Cutlass“ (Casterman).
Les deux artistes signent de plus responsables pour „Les Errances de Julius Antoinse“ (Albin Michel) et cette étroite collaboration est à l’origine de la qualité de leurs oeuvres. „La Gloire d’Hera“ fut un triomphe pour le neuvième art grâce au scénario dense et bien construit et grâce aux dessins magistraux, qui font de Rossi un des rares dessinateurs que l’on sent totalement à l’aise dans leur médium. Ses personnages, à mi-chemin entre le réalisme et la caricature façon Uderzo, débordent de vie, et ses jeux de lumière rendent parfaitement l’atmosphère bucolique (et souvent cruelle) de l’Antiquité méditerranéenne. Cet album racontait la vie d’Héraklès lorsqu’il s’appelait encore Alcée et avant qu’il ne devienne le héros des douze travaux. L’homme comme marionnette manipulée par les dieux jusqu’à ce qu’il trouve un moyen de retrouver sa dignité et la responsabilité de ses actes est aussi au centre de la nouvelle série.
Le Tendre et Rossi ne se contentent pas de simplement répéter les anciens mythes pour une nième fois. Après de longues recherches, ils retracent la vie du jeune Tirésias avant qu’il ne devienne le vieux sage voyant consulté par presque tous les héros grecs, même après sa mort, quand il est déjà au Hadès.
Nous sommes à Thèbes, et les habitants de cette ville protégée par Athéna mènent une guerre contre les Orchanéniens. Deux meneurs se partagent la gloire: Glaucon, le guerrier machiste et vantard, et Tirésias, le beau séducteur insatiable qui brise sans relâche les coeurs des hommes et des femmes, surtout celui du jeune Ephèbe Calypto, qui fut pourtant son favori.
Un pari dangereux
Les rivalités partagent Thèbes en deux, et l’arrogance de Tirésias pousse Glaucon a lui tendre un piège sous forme d’un pari. Apparemment, Zeus et Héra se chamaillent sans cesse pour savoir qui a plus de plaisir dans la volupté, homme ou femme. En voulant prouver que donner du plaisir à une inconnue est la „plus belle victoire“, Tirésias se laisse emporter par son orgueil. Pour impressionner Glaucon et ses acolytes, il viole une femme la nuit dans les rues de Thèbes sans se rendre compte que c’est une prêtresse du temple d’Athéna, qui, déshonorée, sera bannie à tout jamais. Le lendemain, en montant la garde sur le Mont Cithéron, le jeune guerrier est attiré par une mystérieuse cavalière portant un casque en or. En poursuivant cette amazone, il se retrouve bientôt dans un bois sacré peuplé par de petits faunes, des acolytes de Pan. La voix d’Athéna accuse Tirésias d’avoir outragé une de ses servantes et lui prédit qu’il ne sera désormais plus question d“‚être un homme“.
La vengeance d’Athena
L’abandon de son poste mène à la capture de ses amis, partis à sa recherche, par les Orchoméniens. Sa disparition, qui pourrait lui coûter cher, en réjouit quelques-uns, dont surtout Glaucon. Mais pendant que tout Thèbes se demande si son fils favori est prisonnier ou un déserteur, personne ne remarque qu’il est de nouveau parmi eux, mais plus comme ils l’ont connu …
Depuis peu, une belle jeune femme est apparue dans la maison de Tirésias et prétend être sa soeur. Le jeune Calypto semble le seul à vraiment pouvoir communiquer avec cette beauté de glace qui paraît être encore sous un terrible choc. Glaucon et les autres ne vont pas tarder à poursuivre cette mystérieuse „soeur“, et Tirésias connaîtra à son tour les humiliations subies au quotidien par les fermes. Il contacte la prêtresse déshonorée et lui demande d’intervenir de sa part auprès d‘ Athéna: cette dernière pose ses conditions … Ainsi se termine la première partie de „Tirésias“ un album qui, même s’il n’a pas la profondeur ni la compexité de „La Gloire d’Hera“, promet néanmoins une suite captivante. De nouveau, le scénario nous montre des êtres humains régis par leurs défauts et en proie aux destins que leur réservent les dieux d’une façon naturelle, rafraîchissante et parfois drôle. A lire absolument!
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