Avec la venue d’Enon à Trèves, un des seuls groupes à pouvoir prétendre de jouer du « vrai » rock indé arrive enfin dans nos contrées.
Qui dit rock indépendant utilise – peut-être sans le savoir – une des descriptions les plus vagues de l’histoire de la musique récente. La musique, et surtout le rock indépendant, qu’est-ce que c’est au juste ? Il existe plusieurs possibilités de circonscrire le phénomène : d’abord, le rock indépendant se fait indépendamment des grandes majors, ce qui n’empêche pas celles-ci de sortir des artistes labellisés indépendants, mais le public averti sait différencier. Puis, il faut du rock, donc des guitares, une basse et une batterie et de la musique déjantée qu’on ne peut pas catégoriser après une simple écoute et qu’on préfère nommer indépendante parce que cela arrange tout le monde et que ça sonne bien en plus.
Pourtant, il existe aussi une autre façon d’approcher ce phénomène – le rock indépendant a aussi une histoire et ses traditions. Celles-ci ont leur ancrage dans les Etats-Unis des années 80 et 90. Bien avant le formidable succès de Nirvana qui allait faire des vagues autour du monde, aussi bien que chaque ville moyenne possède outre son groupe de métal, son groupe indé, des groupes d’horizons différents que ce soient des punks, des gens émanant du hardcore ou de mouvances expérimentales, se sont mis en réseau et ont bâti des structures commerciales à petit niveau qui tout de même réussissaient à couvrir le territoire américain. Ces groupes comme Sonic Youth – pour les plus connus – ou Pavement, font partie du vivier indépendant américain. Tout comme les membres d’Enon qui ont fait le tour de ce petit univers et rassemblent maintenant toute leur expérience dans leur musique bien distillée.
Le chanteur-guitariste John Schmersal a fait partie des légendaires Brainiac, un des premiers groupes à introduire des synthés dans le rock indépendant. Après la fin tragique du chanteur Tim Taylor dans un accident de voiture en 1997, Schmersal fonde Enon. Après quelques changements de dans la formation, il recrute Toko Yasuda à la basse – jeune femme à la voix aérienne, elle a participé à plusieurs groupes légendaires comme The Van Pelt et plus tard The Lapse. Complété par Matt Schultz à la batterie, ils démontreront une fois pour toute que le rock indé original n’est pas mort.
Enon, à l’Exhaus àTrèves, le 19 janvier