L’arc-en-ciel est une invention du CSV, main sur le coeur ! Le DP a beau le répéter, son positionnement au centre-gauche ouvre un peu plus la porte à cette constellation. Au cas où.
Même pas en rêve. Selon ses propres dires lors d’une conférence de presse cette semaine, le président du DP, Claude Meisch, a déclaré qu’il ne rêvait pas de bannir le CSV sur les bancs de l’opposition. Son parti aurait actuellement d’autres soucis et ce seraient ceux des petites gens. Et que ce soit bien clair : les libéraux se sont très peu préoccupés de cette question, c’est-à-dire la possibilité de former une coalition arc-en-ciel à l’issue des élections législatives de 2009.
De telles affirmations, tout le monde le sait, ne relèvent que de la langue de bois et de la tactique politique. Actuellement, sous nos latitudes, les élections constituent, faute d’autres grandes mobilisations, un moment politique majeur. Un leader de parti qui ne s’en préoccuperait que marginalement serait suicidaire. En vérité, il serait bien plus honnête de dévoiler ses cartes avant que les électeurs ne se rendent aux urnes : où est le mal pour un parti que de faire part de ses préférences en matière d’alliances ?
Mais il ne faut pas se leurrer. La conférence de presse dressant l’état de la nation du point de vue libéral a posé les jalons stratégiques de la campagne du DP. Et ce n’est pas un hasard si, jeudi dernier, ce parti a présenté son nouveau logo orné d’un point vert en son coeur. En tout cas, l’analyse des libéraux avait des relents plutôt gauchisants. Meisch, bourgmestre d’une ville traditionnellement rouge, s’est lancé dans une pré-campagne digne d’un LSAP dans l’opposition. Le président de ce parti normalement acquis aux notables et commerçants, s’est fait l’avocat desfamilles à revenus moyens et de leurs soucis matériels. Il s’est soucié de leur pouvoir d’achat rétrécissant, chiffres à l’appui, taclant au passage des socialistes qui n’ont pas réalisé leur promesse d’ajuster les barèmes fiscaux à l’inflation. Il serait temps, à la vue d’une croissance autour de six pour cent, de réduire la charge fiscale des familles modestes. Le CSV lui aussi en prend pour son grade, mais sur son flanc gauche : le DP qualifie de « populisme » la politique chrétienne-sociale en matière d’intégration et de double nationalité, l’assimilant au très droitier Roland Koch de la CDU.
Quant au président de la fraction, Charel Goerens, il a quasiment relayé les thèses des Verts en critiquant la dépendance économique du tourisme de l’essence. Il faut prévoir, estime-t-il, de nouvelles recettes en vue de la baisse programmée des accises et investir dans des activités économiques à haute valeur ajoutée. Sans oublier de consulter le Conseil supérieur de développement durable. C’est presque du Bausch. Evidemment, Meisch sait aussi qu’il doit ménager un électorat plus conservateur, pas forcément acquis aux rêves de coalition colorées de certains. Le DP est hétérogène, même si l’aile sociale-libérale a fait son come-back. Le rêve de Meisch correspond certainement bien plus à une participation gouvernementale avec le CSV que de végéter cinq années supplémentaires dans l’opposition. Mais une chose est indéniable : le DP vient de se positionner au centre-gauche. Il n’a pas besoin d’en dire plus.