En ce 20 novembre 2009, le général Franco sera mort depuis 34 ans. Un nouveau chapitre s’inaugure, depuis la fin de la guerre civile espagnole (1936-1939). Le temps pour le woxx de se pencher sur ces temps obscures, qui ne s’éclaircissent même pas à la lumière de l’histoire officielle.
« L’anniversaire est le cache-sexe du manque d’idées », écrivait il y a peu Thierry Chervel, le fondateur du site perlentaucher.de sur son blog. Ce faisant il s’attaquait aux journalistes qui, par manque d’initiative propre, se contentent de parcourir le calendrier pour voir quelle catastrophe – ou heureux événement – fête son anniversaire. Il est vrai que certain-e-s de nos consoeurs et frères semblent préférer puiser dans le flot intarissable des mémoires collectives. Il est vrai aussi qu’en ces derniers temps nous sommes tout simplement submergés par les jubilés – comme celui de la chute du mur, dont la cérémonie ressemblait plus à une version internationale d’« Intervilles » qu’à autre chose. Pourtant, il y a mémoire et mémoire, celle des vainqueurs et celle des oublié-e-s. Dans le cas de la guerre d’Espagne, guerre civile qui aurait pu libérer un pays en proie à d’importants déchirements intérieurs mais qui finalement l’a fait basculer dans le fascisme, les vaincu-e-s attendent encore et toujours qu’on leur rende justice. Même 70 ans après les faits, même 34 ans après la mort de Franco…
Si le putsch franquiste a entraîné la défaite de la Deuxième République espagnole et l’exode de centaines de milliers de personnes, la mort de Franco a inauguré une nouvelle étape – dénommée Transition, qui, tout en ne satisfaisant pas le modèle de démocratie souhaité par toutes les positions et sensibilités politiques, a du moins offert la possibilité aux exilé-e-s qui attendaient le moment du retour, de combler ce désir, inhérent à la plupart des départs forcés. Pourtant, leur mémoire se trouve toujours bafouée par le fait que les vainqueurs des années trente et leurs successeurs – on pense notamment au gouvernement de José Maria Aznar – bloquent l’accès à l’histoire et aux historiens.
Dans ce petit dossier, nous nous sommes penchés sur différents aspects que cette mémoire en lambeaux laisse dans la société espagnole contemporaine qu’elle soit toujours en exil ou rentrée au pays. Nous verrons les aspects littéraires en évoquant Antonio Machado, l’histoire de l’exode, mais aussi ce qu’il en est de la mouvance républicaine espagnole de nos jours. Car pour celles et ceux qui l’auraient déjà oublié: l’Espagne est toujours une monarchie, tout comme le Luxembourg…