Kulturkadaver

+++ Pour qu’un spectacle soit hué dans les salles de théâtre grand-ducales, il faut vraiment une pièce ultra-mauvaise, voire une mise-en-scène ayant torturé le public pendant des heures entières ou encore des acteurs qui auraient mieux fait de répéter avant de monter sur les planches. Vu que la pièce « Les Justes » d’Albert Camus est un classique qui n’a plus vraiment besoin de faire ses preuves et qu’au moins Emmanuelle Béart est une actrice rôdée au talent indéniable, les « bouhous » qui interloquaient les mous applaudissements à la fin de la première luxembourgeoise jeudi dernier au Grand Théâtre étaient donc plutôt adressés au metteur en scène Stanislas Nordey. Même s’il a travaillé sur Pasolini ou Jean-Luc Lagarce ou collaboré avec l’avant-gardiste allemand Falk Richter, sa mise-en-scène de l’incontournable pièce de Camus était des plus classiques. Entendez : ennuyante à en mourir. Le carcan dans lequel il figeait ses acteurs était tellement étroit et stérile qu’il ne leur restait qu’à déclamer leurs lignes, le regard perdu dans le vide. Cela n’a d’innovant que le refus d’innover d’un théâtre de déclamation à la française qui refuse de se mettre en question ou d’actualiser ses classiques dans un contexte quotidien. Quel dommage et quel gâchis ! +++ Finstere Zeiten vergegenwärtigt uns die Oper Boris Godunow – intrigierende Eliten, politische Morde, blutiger Bürgerkrieg … Im Utopolis konnte man vorigen Samstag die Aufführung in der Metropolitan Opera live miterleben (mehr zu diesem Projekt in der woxx Nr. 1084). Für Ohr und Auge ragte die Performance des Basses René Pape in der Titelrolle heraus: Mal zweifelnd, mal zornig singend, erfüllte er die Figur des scheiternden Zaren mit Leben. Auch ohne Opernglas konnte man seine Mimik und die seiner Gegenspieler detailliert verfolgen. Die minimalistische Inszenierung ließ viel Platz für das Spiel der StatistInnen und für die Symbolik der Riesenkarten und-bücher – Verbindung der AkteurInnen zur dunklen Macht der Geschichte. +++ Elégance et légèreté – cela caractérise une bonne partie de la musique baroque. La très attendue première performance de l’Artist in Residence Ian Bostridge à la Philharmonie était placée sous ce même signe. Accompagné par l’ensemble « Europa Galante » dirigé par Fabio Biondi, le chanteur britannique a interprété des airs virtuoses écrits pour trois ténors célèbres du 18e siècle. La voix de Bostridge, réputée peu puissante, n’a pas été aidée par sa forme du jour, ni l’acoustique de la salle. Cependant, dans le répertoire baroque, son éloquence et un dosage subtil de sa force lui ont permis, avec la complicité du brillant orchestre, de rendre vivants les airs interprétés. +++ Dans une mise en scène plutôt classique mais très convaincante le théâtre des Capucins présente en ce moment « Crime et Châtiment » de Fédor Dostoïevski. Le grand drame russe, traitant des thèmes éternels comme l’amour et la haine, la faute et l’expiation, trouve en la personne de Frédéric de Goldfiem une souveraine interprétation du rôle principal du pauvre étudiant Raskolnikov. C’est dans un jeu saisissant qu’il joue le pauvre bougre sans le sou mais non sans ambition, tantôt intimidé et tantôt déchiré de conflits intérieurs. Ce déchirement se reflète de manière admirable dans les décors : un abîme béant d’où sort comme un cercueil, au début du premier acte, la main de l’étudiant. Ce sont des personnages souffreteux dans une Russie corrompue du 19e siècle, où l’on achète les gens pour en faire sa chose et où les êtres humains prennent parfois des allures de bêtes quand il s’agit d’argent. Les hommes crachent et encaissent, les femmes vaquent à leur labeur quotidien dans des mouvements toujours semblables, font de la couture, du nettoyage ou se vendent pour quelques roubles. Les dialogues en partie fort symboliques donnent une sorte de raffinement au drame. A ne pas manquer !


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