La Kulturfabrik accueille pour la seconde fois les fous furieux de Jaga Jazzist dans son enceinte afin de présenter leur dernier album en date « One Armed Bandit ».
La nouvelle légion du jazz norvégien : Jaga Jazzist.
Jaga Jazzist est probablement ce qui est arrivé de mieux au jazz ces dernières années. Mélange subtil de sonorités jazz, de rythmes électroniques et de mélodies vaporeuses, ce groupe de Trondheim en Norvège a su raviver, et ce de manière tout à fait novatrice et intelligente, une musique qui commence à se mordre la queue, se reposant bien souvent sur ses acquis inventés par des musiciens devenus légendaires mais plus forcément actuels.
Formés en 1994 autour des frères Horntveth, Martin à la batterie et Lars au saxophone que l’on a aussi pu voir aux côtés de Motorpsycho, la formation généralement accompagnée par huit autres musiciens plus ou moins interchangeables, Jaga Jazzist prend son envol discographique deux années plus tard avec la parution de son premier album « Jævla Jazzist Grete Stitz » qui ne tarde pas à fasciner les critiques et les maisons de disques qui leur font les yeux doux notamment grâce à leurs prestations scéniques spectaculaires.
Quelques années et une poignée d’EP plus tard, ils reviennent sur Warner Music avec « A Livingroom Hush » que beaucoup considèrent comme leur premier véritable opus, où le groupe présente une musique assez proche de Tortoise, mais agrémentée de sons électroniques et d’une section de cuivre omniprésente et imparable. L’album « The Styx », sorti en 2004 sur Ninja Tune, donne un véritable coup de fouet à la carrière du groupe. La formation se montre ici dans une forme olympique, carrément décomplexée, bidouillant les sons et triturant les rythmiques souvent électroniques secondées par le génie tribal de Martin Horntveth.
Mais le groupe ne s’arrêtera pas en si bon chemin et compte bien prouver de quoi il est fait. C’est chose faite en 2005 avec « What We Must » qu’ils sortent sous le pseudonyme Jaga qui propose encore une fois une déclinaison musicale de ce qu’est la formation norvégienne. En effet, ici, leur musique se fait plus aérienne, moins jazzy qu’à l’accoutumé, mais beaucoup plus cinématographique, laissant planer le spectre d’Ennio Morricone sur cet album aux sonorités les plus acoustiques mais aussi les plus rock à ce jour. L’album sera d’ailleurs plébiscité par les fous furieux de Mars Volta comme l’un de leur préférés, l’occasion pour eux de les inviter lors de leur All Tomorrow’s Party l’année d’après.
Après près de cinq années d’absence discographique, les jazzeux fous reviennent à l’assaut de nos stéréos avec « One-Armed Bandit », un album encore une fois de grande volée mêlant tout le savoir-faire des norvégiens : à savoir ce mélange exquis d’électro à la Squarepusher, ces relents progressifs empruntés à Soft Machine, le jazz de John Coltrane ou Don Cherry avec l’expérimentation sonique de Tortoise tout en conservant cet aspect cinématographique que « What We Must » a déjà tracé.
Les plus sceptiques n’ont qu’à jeter une oreille à leur musique mais surtout se risquer à l’un de leurs concerts afin d’apprécier à sa juste valeur la musique à la fois entraînante mais non moins magnifique des jazzeux scandinaves.
A la Kulturfabrik, le lundi 21 mars.
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