MUSIQUE: La dame aux oiseaux

Saxophoniste et professeure au Conservatoire depuis peu, la jeune musicienne Anaïs Lorentz va présenter son premier disque « Run, Sing and Fly » jeudi prochain. Rencontre avec une passionnée de la musique et des oiseaux.

L’ornithologie musicale en personne : Anaïs Lorentz.

Le rendez-vous a lieu dans un petit bistrot charmant de Luxembourg-Ville au cours d’un de ces rares après-midi ensoleillés auxquels on a eu droit cette semaine. Anaïs Lorentz, une jeune femme pétillante, parle certes vite et beaucoup, mais tout de même sans qu’on puisse lui prêter des airs de fausse modestie, si communs à certains artistes. Et cela même si elle enchaîne les rencontres avec la presse ces derniers temps, pour promouvoir son premier album « Run, Sing and Fly » qu’elle vient d’enregistrer avec la pianiste Kae Shiraki. Un album un peu difficile à promouvoir, puisqu’il se refuse à entrer dans les tiroirs du critique musical normal. « Ce n’est pas du jazz », explique Anaïs Lorentz, « d’ailleurs, je ne me suis jamais vue comme une musicienne de jazz et je n’ai presque jamais pris de cours dans cette direction. Pour moi, ce disque est avant tout de la musique, dédiée aux oiseaux. Une exploration de ce thème sous toutes les coutures. »

En effet, l’univers musical déployé sur le disque est impressionnant : la « Rhapsodie » de Debussy fait office d’introduction et puis on est propulsé dans les trois morceaux de la « Fuzzy Bird Sonata » de Takashi Yoshimatsu – la pièce qui a d’ailleurs mis Anaïs Lorentz sur la piste des oiseaux – pour continuer avec une improvisation sur un poème japonais lu par Kae Shiraki. Les autres pièces ne font qu’amplifier ce survol onirique : on y trouve des pièces écrites par Ryo Noda, Pascal Schumacher et Karen Tanaka. « Je ne voulais en aucun cas interpréter que des standards connus, c’est pourquoi j’ai fait le choix de faire composer des morceaux pour moi », raconte-t-elle. Une autre composante essentielle de son approche musicale est dans l’improvisation avec sa partenaire Kae Shiraki, qui est actuellement professeure de piano à l’Ugda. La rencontre des deux musiciennes a eu lieu en mars 2011, quand Kae Shiraki a organisé en hâte un concert de solidarité pour les victimes de Fukushima. A l’occasion de ce concert plus ou moins improvisé est née cette collaboration fructueuse qu’on peut entendre sur « Run, Sing and Fly ».

« L’improvisation est pour moi un moyen d’expression personnelle très fort. C’est pour imposer ma marque et pour rendre unique les pièces de musique que je joue, puisqu’elles sont différentes à chaque reprise. Et comme je n’envisage pas de devenir compositrice un jour – c’est pas mon truc – c’est aussi une façon d’influencer la musique que je joue. »

Reste tout de même une question pertinente : pourquoi les oiseaux ? « Premièrement bien sûr à cause de mon amour pour la nature et les animaux. Je suis une personne qui ne vit vraiment que si elle est en contact direct avec la nature, donc je sors quasiment par tous les temps. Et puis il y a le fait qu’un de mes profs m’avait proposé la ‚Fuzzy Bird Sonata‘ que j’avais ensuite choisie pour mon examen de master. Finalement, et ce n’est pas la moindre raison, j’ai un autre projet qui va dans une direction similaire et qui s’appelle ‚Mam Xuff duerch d’gëllen Kannerstuff‘, spécialement destiné aux enfants. »

Pour une simple carte de visite musicale, comme elle l’appelle, « Run, Sing and Fly » est tout de même un ovni intéressant, dérangeant peut-être dans son concept mais pas du tout dans le résultat – et surtout le produit d’une forte personnalité, dont on va sûrement encore entendre parler les prochaines années.

Prochains concerts : le 28 février au centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster avec la présentation officielle du CD et le 9 mars au centre culturel opderschmelz.


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