LUC BESSON: Malfatto

Un casting à faire pâlir un réalisateur américain, une histoire originale, le tout saupoudré d’humour noir. Et pourtant, c’est un ratage. Bref, « Malavita » est un film de Luc Besson.

Attention! Une famille pas si adorable que ça débarque en Normandie…

Certains films vous laissent perplexe. Le genre de film dont vous avez du mal à dire, en quittant la salle, s’il vous a plu ou non. Un film en somme que vous ne recommanderiez ni à vos amis, ni à vos ennemis. En fait, c’est du Luc Besson tout craché : l’ensemble fonctionne, mais il fourmille de détails qui clochent.

« Malavita » ouvre brutalement sur l’exécution d’une famille (les parents et leurs deux adolescents) dans leur appartement du Sud de la France par un personnage patibulaire vêtu de noir dont on devine immédiatement qu’il appartient à la pègre. Le décor est planté : Luc Besson nous a pondu un film de gangsters. Et qui dit mafia, dit forcément Robert de Niro qui campe, pour la 30.000e fois, un mafieux. Un mafieux repenti, de son vrai nom Giovanni Manzoni, mais dont l’alias est Fred Blake. Désirant rompre ses liens avec le milieu, il a décidé de lâcher son clan, celui du vieux Don Lucchese (qui est réellement un clan de la Cosa Nostra new-yorkaise). Le vieux parrain continue pourtant de diriger ses hommes depuis sa cellule, et a ordonné de liquider Manzoni et sa famille. C’est à partir de ce moment que l’on comprend le carnage du début : ce n’était pas la bonne famille.

Accompagné de sa femme Maggie (Michelle Pfeiffer) et de leurs deux enfants, Belle (Dianna Agron) et Warren (John D’Leo), Fred, qui est placé sous le programme de protection des témoins du FBI, doit constamment migrer d’une ville à l’autre afin d’échapper à ses anciens amis. Et voilà la famille « Blake » qui doit quitter le soleil du Midi pour la grisaille normande, ce qui ne rajoute pas, en plus de leur statut d’exilés pourchassés, à leur enthousiasme.

C’est pourtant le prix à payer pour leur survie : tandis qu’ils vivront dans une vieille demeure un peu vétuste sous la surveillance directe d’agents du FBI, dont Robert Stansfield (Tommy Lee Jones), qui semble avoir été l’éternel ennemi de Fred, les « Blake » tâcheront de passer pour une famille « normale » en s’intégrant à la vie du village. Mais voilà, n’est pas « normal » qui veut. Et qui est issu de la pègre de Brooklyn peut faire usage de méthodes plus expéditives : tandis que les adolescents ne perdent pas leur temps au lycée en s’imposant comme les nouveaux caïds du coin, Fred écrit ses mémoires, se faisant passer pour un paisible écrivain lorsqu’il ne tabasse pas un plombier roublard. Et Maggie tente de jouer à la parfaite « housewife » – qui peut toutefois se montrer littéralement explosive si on lui manque de respect…

Bref, vous l’aurez compris, ce film contient en principe tous les éléments à partir desquels on peut façonner une comédie dramatique qui tienne la route. Certes, il ne s’agit pas d’être trop regardant. Mais il faudrait faire comprendre à Luc Besson qu’un cas-ting de rêve (les acteurs sont franchement tous excellents), ne compense pas complètement les incohérences ou les scènes d’humour noir ratées. Ne prenons que cet exemple : on comprend que, pour faciliter la narration, l’ensemble des villageois normands, malgré leur accent français, parlent tous un anglais parfait. Pas du « globish » approximatif comme tout le monde, mais ils utilisent vraiment des tournures et locutions qu’il est rare d’entendre dans la bouche de quelqu’un qui ne soit un « native speaker » ou du moins un expatrié de longue date. Ensuite, les deux adolescents, bien qu’ils ne semblent pas jacter un mot de français, fréquentent de la manière la plus normale du monde un lycée français et participent à tous les cours en y récoltant même de bonnes notes ! Passons ensuite sur la manière assez tirée par les cheveux dont Besson a décidé le dénouement. C’est le problème de Luc Besson : écrivain, il aurait publié des histoires originales sur papier glacé. Mais il aurait buté sur l’orthographe, la grammaire et la syntaxe.

Aux Utopolis Kirchberg et Belval.


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