En tant que musicien, Olafur Arnalds a connu une évolution hors du commun. Tant mieux, car cela fait de lui un artiste solo plus qu’accompli.

Non, ce n’est pas votre comptable qu’on aurait mis ici par erreur, mais bel et bien le musicien islandais Olafur Arnalds. (Photo : ©marino thoracius/ mercury classics)
La mélancolie hivernale, qui devrait entre-temps avoir gagné la majorité de la population du grand-duché, est une médaille à deux faces : infernale pour les uns qui ne supportent ni le froid, ni l’obscurité et infiniment belle pour les amateurs d’atmosphères plus opaques. Quoi qu’il en soit, les Islandais comme Olafur Arnalds en savent bien plus sur ces fléaux hivernaux que nous, sous notre climat médiocre. Et c’est peut-être une des clés de l’énigme de la musique islandaise. Car, avec moins d’habitants que le Luxembourg, les Islandais réussissent dix mille fois mieux en musique – que ce soit au niveau production ou exportation. Est-ce que ce serait dû aux longues soirées passées chez soi sous la neige, où il n’y a rien d’autre à faire que de la musique ?
En tout cas, Olafur Arnalds est un de ces insatiables esprits musicaux, à l’instar de ses fameux prédécésseurs insulaires, comme Björk ou encore Sigur Ros – qui ont d’ailleurs joué à la Rockhal le weekend dernier. Né en 1986, Arnalds apprend la batterie et le piano, à côté d’autres instruments. Au cours de son adolescence, il se révolte tout de même contre le monde de la musique classique dans lequel il a grandi et joue dans divers groupes de hardcore – dont Fighting Shit et Celestine. Au cours de ces années, son intérêt pour la composition s’est passablement agrandi, et il s’est aussi intéressé à la musique de films. A 18 ans, il ambitionne même des études de théorie musicale, qu’il abandonne aussitôt – encore une fois, l’élitisme de la musique classique le répugne. Il se débat pendant un certain temps avec des commandes et c’est quand le groupe de métal allemand Heaven Shall Burn – avec lesquel il collaborera plusieurs fois ensuite – le charge d’écrire l’intro et l’outro de son album « Antigone » en 2004, qu’il a un déclic définitif. A partir de ce moment, Arnalds s’investit à fond dans la production de sa musique – un mélange d’atmosphères mélancoliques, de légers beats électro et de rythmiques pop. Son premier album « Eulogy for Evolution », qu’il dédie à son grand-père paraît en 2007 et fait un carton. En 2008, ses compatriotes de Sigur Ros l’embarquent pour une tournée mondiale. Deux années plus tard et après la parution de son deuxième album « ? And They Have Escaped the Weight of Darkness », il se produit en tournée solo et découvre notamment les scènes chinoises.
En 2012, il réussit aussi à réaliser un autre de ses rêves : composer une bande originale de film. Ce sera « Another Happy Day » de Sam Levinson (le fils de Barry Levinson), avec entre autres Ellen Barkin, Kate Bosworth et Demi Moore. D’autres collaborations incluent la musique pour le projet du chorégraphe Wayne McGregor – « Dyad 1909 ».
Son tout nouvel album « For Now I Am Winter » est paru dans les bacs cette année. Et il est nettement plus ambitieux que les précédents. Enregistré avec un orchestre entier, il quitte aussi pour la première fois le terrain de la musique instrumentale. Sur certaines chansons, on retrouve en effet du chant – même si son compatriote Arnor Dan n’apparaît que sur quatre chansons.
Certes, Olafur Arnalds n’est pas encore une de ces mégastars islandaises, mais ce jeune homme, à travers son parcours, est une perle rare et il a encore quelques belles expériences devant lui. Et qui sait, peut-être que celles et ceux qui vont à la Rockhal ce premier décembre pourront un jour se dire qu’eux aussi en faisaient partie ?
Ce dimanche au club de la Rockhal.