Dans « Night Moves » trois éco-terroristes complotent pour faire sauter un barrage. Un plan foireux, comme tout le reste du film.
Josh n’est pas le genre de mec à causer beaucoup. Ni Dena ou Harmon d’ailleurs. Les trois activistes se mettent ensemble pour fomenter un plan aussi diabolique que simplet : faire sauter un barrage avec l’aide d’un petit yacht rempli d’explosifs et ensuite disparaître dans la nature. Puisque ni Josh, ni Dena n’ont de l’expérience avec des explosifs, c’est à Harmon que revient le rôle d’artificier, vu qu’il a appris avec les « meilleurs » – les US Marines. Harmon, avec sa gueule cassée d’un ex-soldat d’élite et ex-taulard par dessus le marché est la tête pensante du groupuscule éco-terroriste et aussi un peu leur doyen. Malheureusement pour eux, le plan foire. S’ils arrivent à faire sauter le barrage et à échapper à la police, leur explosion provoque la disparition d’un campeur, qui se noie dans les flots. Un prix qu’aucun des trois n’était prêt à payer et qui va faire monter la pression dans le trio jusqu’à ce que quelqu’un craque?
La seule originalité de « Night Moves » réside dans le milieu autour duquel les personnages évoluent. En effet, les « Verts » à la sauce américaine n’apparaissent pas souvent sur le grand écran – et le fait qu’ils y soient directement associés à des terroristes ne va pas vraiment servir leur cause. D’autant plus que le film de Reichardt est plus proche de la caricature de ce milieu que d’un portrait empathique. On a l’impression qu’ils sont tous des bobos, vivant dans leurs yourtes en collectivité, dans une communauté empreinte d’ésotérisme et de fanatisme. Aucune scène ne dévoile vraiment les motifs de ces gens, ni leur idéalisme qui leur a fait tourner le dos au monde « civilisé ».
D’autant plus qu’on n’apprend pas grand chose sur la motivation du trio à faire sauter exactement ce barrage. Il fournit de l’énergie à une douzaine de clubs de golf dans la région de Portlan, mais cela ne semble pas être une explication suffisante pour risquer sa vie et celle d’autrui dans une opération commando de cette envergure. Cela laisse une impression bizarre, comme si la réalisatrice ne comprenait pas elle-même les motivations de ses personnages.
D’ailleurs, concernant les acteurs principaux, s’ils sont bien choisis (Jesse Eisenberg, Dakota Fanning et Peter Sarsgaard) on n’a pas l’impression que les talents sont utilisés à leur juste mesure. Ainsi, Josh ne dépasse jamais le stade d’un jeune homme taciturne et introverti et on n’apprend rien sur son passé, ni sur sa motivation à participer à cette histoire de barrage. La même chose vaut pour la figure de Dena, à qui on a accolé un passé bourgeois contre lequel elle se révolte, mais qui ne suffit pas non plus à expliquer rationnellement son envie de faire sauter le barrage.
Finalement, « Night Moves » est un film moralisateur et ennuyeux qui laisse le spectateur sur sa faim.
A l’Utopia.