MICHAËL R. ROSKAM: Dropbox

« The Drop » est un film noir et intelligent comme on aimerait en voir plus. En tout cas, cet ovni belgo-américain ne vaut pas seulement le coup à cause de la dernière performance du regretté James Gandolfini.

Pour Marv et Bob, vivre sous la botte de la mafia tchétchène n’est pas de tout repos.

La vie de Bob Saginowski, qui affiche une petite trentaine, semble bien tranquille. Il vit dans la maison de ses parents défunts à Brooklyn et gagne sa vie dans le bar de « Cousin Marv », son véritable cousin d’ailleurs, situé dans le même quartier. Pourtant, les choses ne sont simples qu’en apparence. Le gros problème du cousin Marv, un vieux de la vieille, ancien usurier, c’est que le bar qui porte son nom ne lui appartient plus. En effet, une dizaine d’années plus tôt, il lui a été extorqué par la mafia tchétchène, et l’ex-propriétaire doit travailler désormais pour le clan des Umarov. Parmi les services qu’il est bien obligé de rendre, se trouve celui du « drop bar ». En principe, rien de sorcier : si son bar est choisi pour la soirée, il lui suffit de collecter des enveloppes d’argent sale, déposées par les petites mains de la mafia. Après la fermeture, les Tchétchènes viennent collecter leur argent et c’est tout.

Mais lorsque, après une de ces soirées, le « Cousin Marv » se fait braquer par deux gangsters déguisés en clowns, la question de qui pourrait les avoir informés du gros lot qu’ils toucheraient en s’attaquant justement à ce bar se pose – non seulement pour Bob et Marv, mais aussi pour la mafia. Dans le même temps, Bob fait la connaissance de Nadia, une jeune femme paranoïaque, dans les poubelles de laquelle il trouve un chiot pitbull américain, presque battu à mort. Par la suite, les choses se compliquent et les histoires se relient…

« The Drop » dispose effectivement de tous les atouts d’un très bon film : un metteur en scène exceptionnel – ce n’est que le troisième long métrage de Michaël R. Roskam, après le très spécial « Rundskop » – et un scénariste et auteur tout aussi doué. C’est la deuxième adaptation au cinéma d’un texte de Dennis Lehane, après « Shutter Island » mis en scène par Martin Scorsese. Et, suprême atout, des acteurs qui savent porter le tout. En premier lieu, Tom Hardy, dans le rôle de Bob Saginowski, qui incarne avec perfection l’apparent simplet au fond trouble. James Gandolfini, à son habitude, se joue lui-même, mais qui ferait une meilleure petite frappe mafieuse que l’acteur qui nous a donné le personnage de Tony Soprano ? Les autres rôles, Noomi Rapace dans celui de Nadia et le belge Matthias Schoenaerts dans celui de l’inquiétant psychopathe Eric Deeds complètent le tableau.

Ce qui est exceptionnel dans ce film, c’est que le spectateur ne doute pas une seconde que c’est une histoire à double fond ; c’est même l’horizon de lecture du film. « The Drop » arrive cependant à surprendre à la fin. Car la narration, simple uniquement en apparence, laisse assez de place aux revirements potentiels. D’une minute à l’autre toute l’histoire pourrait basculer. On doit y ajouter que, comme il s’agit d’un polar, « The Drop » ne trace pas une ligne nette entre « gentils » et « méchants ». Tout au contraire, chaque personnage a sa part d’ombre, et ce ne sont pas ceux qui en ont le moins qui en parlent le plus…

En tout, « The Drop » est un film à voir, non seulement en guise d’adieu à James Gandolfini, mort juste après le tournage, mais aussi parce qu’il est un petit joyau du film noir contemporain.

A l’Utopolis Kirchberg.


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