PORTRAIT: ANDRE MERGENTHALER: „L’orchestre, c’est moi!“

L’album „Jubilations“ du violoncelliste André Mergenthaler promet une rencontre musicale d’un autre type.

De la musique plein la tête … (photo: Serge Garcia Lang)

Au cours de ces dernières semaines, le musicien et compositeur luxembourgeois André Mergenthaler a emmené son public dans un univers musical inédit, à grands coups d’archet, de virtuosité technique, d’envolées lyriques … et de technologie. Le succès de sa nouvelle création, les „Cello-loops“ fut immédiat, „un peu surprenant même“, selon le musicien. Le 7 février, son concert-création à la Kulturfabrik, qui comprenait aussi bien des classiques revisités que des créations personnelles, affichait „sold out“.

„C’est le plus beau compliment que l’on puisse faire à un artiste“, nous confie Mergenthaler. Auparavant, dans un contexte tout à fait différent, à savoir celui du 35e anniversaire du Mouvement écologique et du 20e anniversaire de la fondation d’utilité publique Öko-Fonds, la prestation du violoncelliste fut si réussie que ses auditeurs, non satisfaits du caractère éphémère de cette prestation ponctuelle, ont réclamé une adaptation discographique. Ils ont été entendus.

La carrière musicale de André Mergenthaler a commencé de manière presque „banale“, au sein de l’harmonie municipale de Rodange: „A l’âge de tout juste huit ans, mon père m’a convaincu presque malgré moi de faire de la musique!“, se souvient-il avec un sourire au coin des lèvres. Son premier instrument, la clarinette, l’a vite ennuyé et il est passé au saxophone. A l’époque, celui-ci le fascinait „pour son aspect métallique et les centaines de boutons qu’il semblait avoir.“ Le cheminement du musicien l’a mené de l’école de musique de Pétange vers les conservatoires d’Esch-sur-Alzette, de Metz et de Paris, et finalement à l’Ecole Supérieure de Musique de Cologne. Parfois, le hasard fait bien les choses: „Au moment où j’entrais à l’Ecole de Musique de Cologne, une nouvelle classe y fut créée, consacrée uniquement à l’étude du violoncelle. Interpellé, j’ai étudié cet instrument pendant quatre ans. Il m’a conquis. Aujourd’hui, je ne pourrais pas vous dire exactement d’où venait ma passion pour le violoncelle, mais celle-ci, depuis que j’ai touché pour la première fois les cordes de cet instrument, ne m’a plus jamais quittée. En fait, il me semble que je n’ai jamais entendu consciemment cet instrument avant de le jouer; pourtant, j’ai toujours pensé que la première corde du violoncelle devait être quelque chose de sublime“.

Pendant près de huit ans, André Mergenthaler a fait partie du groupe Art Zoyd: „Cette formation existe encore aujourd’hui, mais plus dans sa formation originale. Art Zoyd est le seul groupe où j’ai joué aussi longtemps et aussi régulièrement. Notre musique puisait dans la musique classique et y intégrait des éléments rock. Avec eux, j’ai beaucoup joué en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays de l’Est.“ De retour au Luxembourg, Mergenthaler s’est produit le plus souvent en solo pour diverses manifestations, comme à l’occasion de „Art à Beaufort“ ou à la „Nuit des Musées“. Son répertoire, eclectique, va de la musique classique aux créations expérimentales et à l’improvisation pure. On le connait également pour ses habillages musicaux de productions de théâtre ainsi que pour ses musiques de films, qui l’ont notemment amené à collaborer avec Bady Minck („Mécanomagie“, 1996) et Andy Bausch, („Electric Theatre“, 2000). Côté platines, outre diverses contributions en tant que saxophoniste, sa dernière création, „Musik für einen Engel“, remonte à une dizaine d’années déja. La sortie récente de son dernier opus, „Jubilations“ en a forcément fait jubiler plus d’un.

Réjouissances programmées

L’idée d’un nouvel album est donc venue en janvier dernier, lors de la séance académique commune du Mouvement écologique et de la Fondation Öko-Fonds. „Ce soir-là, j’ai joué trois intermèdes musicaux entre les discours des orateurs. Les réactions du public étaient fabuleuses: enthousiasmés, ils m’ont demandé si cette musique était disponible sur CD, ce qui m’a un peu mis dans l’embarras. Ceci dit, j’étais flatté … Par après, Blanche Weber du Mouvement Ecologique m’a encouragé à réaliser ce disque. Ma décision était prise. Je crois que l’on peut ressentir cette spontanéité à l’écoute de l’enregistrement, c’est une composante essentielle de ce disque. Le choix des titres s’est fait très vite et l’enregistrement n’a duré qu’une semaine.“

„Jubilations“ présente huit titres dont certains puisent dans le répertoire classique d’autres sont des créations personnelles. On y retrouve les trois titres qu’André Mergenthaler a joués lors de la soirée académique du Mouvement Ecologique: en premier lieu, le prélude de Bach, suivi de „Sehnsucht“, un morceau à caractère plus romantique, puis d’une adaptation du „Bolero“ de Ravel. Ensuite, on y découvrera, dans l’ordre, „Tango Lento“, „Urgence“, „Petite Valse“, „Ave Maria“ et, enfin, „Stabat Mater“ de Palestrina, une oeuvre que le violoncelliste affectionne tout particulièrement. „Cette compilation reflète mon souci d’exploiter au maximum le potentiel de mon instrument. Par moments, la densité musicale s’apparente à un ‚magma‘ accoustique“, résume-t-il.

Pourtant, il joue seul, sur scène comme en studio. Mais ses créations, les „cello-loops „, font fusionner les sons de nombreux violoncelles: „Lorsque vous écouterez mon CD, vous aurez l’impression d’entendre plusieurs pupitres. Tout un orchestre, en définitive. Cet orchestre, c’est moi! Dans un premier temps, j’enregistre plusieurs morceaux les uns après les autres, ‚en boucle‘. Par après, je les fais jouer tous ensemble, ce qui confère à ma musique cet effet orchestral. On a cette même impression quand je joue sur scène. Avec ma ‚loop-station‘, je peux m’enregistrer en direct; il n’y a jamais d’enregistrements de violoncelles faits au préalable. Le violoncelle se prête parfaitement pour ce genre d’effets sonores, que je relève au moyen de périphériques électroniques. Même ‚à sec‘, sans ajoutes, cet instrument est très expressif, les possibilités sont presque illimitées. Sans hésiter, je qualifierais le violoncelle comme étant l’instrument de musique le plus flexible, voire abouti …“

Qu’on se rassure, André Mergenthaler nous promet d’autres concerts-créations sur les scènes luxembourgeoises et internationales. En attendant, „Jubilations“ permettra de découvrir ou de retrouver ses oeuvres récentes. Et d’y projeter ses propres images intérieures.

André Mergenthaler: „Jubilations“. Edité par le Mouvement écologique et la fondation Oeko-Fonds.
Le CD peut être commandé en virant 18 € sur un compte du Mouvement écologique (CCPL LU16 1111 0392 1729 0000 ou BCEE LU20 0019 1300 1122 4000) ainsi que par email: meco@emweltzenter.lu. Il est également disponible chez certains disquaires.


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