Anniversaire de l’assassinat du défenseur des droits humains philippin Ben Ramos

Le 6 novembre 2018, l’avocat Ben Ramos a été assassiné aux Philippines, un pays qui connaît de plus en plus de violations des droits humains. Une situation qui sera débattue aussi cette semaine à Luxembourg, à l’occasion du 63e Congrès de l’Union internationale des avocats (UIA) et lors d’une manifestation à Bruxelles ce mercredi.

Ben Ramos était directeur de l’organisation Peace Development Group (PDG), créée en 1987 avec l’objectif de contribuer au développement des communautés rurales de la province de Negros Occidental. Il a été assassiné le 6 novembre 2018. La photo le montre au moment d’en entretien qu’il avait accordé au woxx en 2016, alors qu’il séjournait en Europe à l’occasion du Tribunal International Monsanto.

Le 6 novembre 2018 l’avocat et défenseur de droits humains Ben Ramos a été lâchement assassiné devant un magasin à Kabankalan, ville située sur l’île de Negros, les tueurs ont pris la fuite sur leur moto après les tirs et n’ont pas été identifiés depuis. Ben Ramos était le directeur de l’ONG Peace Development Group (PDG), un partenaire de l’Action Solidarité Tiers Monde (ASTM). Malgré une première tentative d’assassinat en 2006 et des menaces envers sa personne, Ben Ramos avait continué à travailler en défendant avant tout les petits paysans. Par ailleurs, il apportait une assistance juridique gratuite à des victimes de violations des droits humains, à des prisonniers politiques et à d’autres défenseurs de droits attaqués en justice. Les derniers mois avant son assassinat, il préparait la défense des familles de neuf ouvriers agricoles, assassinés dans le cadre de protestations contre une grande plantation de canne à sucre sur l’île de Negros.

Fondateur et puis directeur de PDG, Ben Ramos avait contribué depuis 1987 à mettre en place une assistance pour des petits pêcheurs et paysans dans la reconnaissance de leurs droits et notamment le droit à la terre. PDG allait aussi renforcer ces communautés dans leur recherche d’une amélioration de leurs conditions de vie en introduisant, par exemple, des méthodes de production organiques. Ces programmes sont soutenus depuis 2013 par l’ASTM et par des communes du Klimabündnis Lëtzebuerg, les Philippines étant aussi une région subissant de plein fouet les conséquences du changement climatique, notamment à travers une augmentation du nombre des tornades.

Comme souvent dans des cas similaires, Ben Ramos avait été victime, pendant les mois qui précédaient son assassinat, du « red-tagging » : Cette méthode consiste à accuser officiellement des défenseurs de droits d’être en relation avec la New People’s Army (NPA) communiste, qui mène une guerre clandestine contre le pouvoir en place. Depuis des dizaines d’années de large campagnes de contre-insurrection sont menées aux Philippines et particulièrement sur Negros, où les conflits de terre sont nombreux.

Depuis l’assassinat de Ben Ramos la situation a empirée de façon dramatique. Les membres de l’équipe de PDG ont reçu des menaces de mort très claires. Néanmoins le travail avec les communautés locales a pu se poursuivre et la campagne pour amener les responsables de l’assassinat de Ben Ramos devant la justice s’est continuellement élargie.

Immédiatement après l’arrestation de 57 défenseurs de droits sur l’île de Negros, des manifestations demandant leur libération ont eu lieu. Photo: Carlo Manalansan / butlatlat.com

38 personnes – pour la plupart des activistes paysans et des défenseurs de droits – ont été tuées rien que sur Negros en 2019. Très récemment, le 31 octobre, 57 personnes, pour la plupart membres d’organisations de droits de l’homme, ont été arrêtées à l’occasion de perquisitions sur leur lieu de travail ou à domicile dans la ville de Bacolod, y compris six jeunes membres de PDG qui étaient en train de préparer une manifestation culturelle à l’occasion du premier anniversaire de l’assassinat de Ben Ramos.

Ben Ramos était connu non seulement dans son pays, mais aussi au niveau international où il faisait partie de réseaux d’ONG se préoccupant de la situation aux Philippines. En 2016 il avait assisté au « Tribunal international Monsanto » à La Haye où les pratiques de cette multinationale avaient été publiquement débattus et où Ben Ramos représentait les intérêts de l’agriculture biologique et soutenable, adaptée aux petits producteurs des pays du Sud.

Ce mercredi 6 novembre, une manifestation organisée par l’ONG belge Quinoa aura lieu vers 12h30 devant l’ambassade des Philippines à Bruxelles, pour demander justice pour Ben Ramos et pour dénoncer les exécutions extra-judiciaires et pour exiger la protection pour les défenseurs des droits humains aux Philippines.

Le cas de Ben Ramos – qui était le 34e avocat tué aux Philippines depuis l’élection de l’actuel président Duterte – sera évoqué vendredi prochain par Edre Olalia, le président de l’Union nationale des avocats des Philippines, lors du 63e congrès de l’UIA qui se tient du 6 au 10 novembre à Luxembourg.


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