Bridée par la pandémie dès mars dernier, la saison théâtrale a démarré sur les chapeaux de roues, avec de nombreuses productions simultanées. Pour notre édition en ligne, regard sur « Comme s’il en pleuvait », une production du TOL accueillie au Théâtre des Capucins.

Steeve Brudey et Colette Kieffer dans « Comme s’il en pleuvait » (Photo : Ricardo Vaz Palma)
Bruno et Laurence sont un couple a priori sans histoires de la classe moyenne : lui anesthésiste, elle enseignante. Leur vie bascule le jour où un billet de cent euros se retrouve sur la table de leur salon, sans que ni l’un ni l’autre ne l’y aient laissé. Très vite, de plus grosses sommes vont miraculeusement se matérialiser dans l’appartement, mettant au jour la fragile construction de leurs convictions de gauche. Le texte de Sébastien Thiéry, vieux briscard de la comédie grinçante, est rythmé à souhait, et si parfois on se prend à regretter son boboïsme parisien, il faut bien dire que ce dernier fait aussi partie de la gentille moquerie souhaitée par le dramaturge.
En tout cas, le rire est bien présent, tant par le dialogue que par les prestations de Steeve Brudey et de Colette Kieffer dans les rôles du couple chamboulé. L’acteur français excelle dans sa montée vers l’aveuglement par l’argent, tandis que sa partenaire assure une stabilité habilement fissurée au fil des scènes pour parvenir à un paroxysme violent. Myriam Gracia est gentiment barrée en femme de ménage espagnole, et Hervé Sogne inquiétant comme de bien entendu en voisin armé qui prétend qu’on l’a volé. La mise en scène de Jérôme Varanfrain n’en fait pas des tonnes, laissant aux comédiens et comédiennes la redoutable entreprise de faire rire et réfléchir à la fois. On rit plus qu’on ne réfléchit, finalement, car tout va très vite ; mais par les temps qui courent, il n’y a rien de honteux à ça. Et la cure de gaieté, c’est sûrement antiviral.