Avec Tito Paris et Sara Tavares, deux stars de la musique luso-créole ont enthousiasmé l’audience de la Philharmonie.
Le samedi 13 octobre, la grande salle de la Philharmonie était pleine à craquer : parmi la foule venue pour assister au concert du chanteur et musicien capverdien Tito Paris, les abonné-e-s bon BCBG se mélangeaient avec les fans capverdiens. Mon pote Paulo et moi, il faut l’avouer, ne connaissions que le nom de cet ambassadeur d’une « lusophonie » musicale qui mêle des airs capverdiens, portugais, africains et brésiliens.
Dès les premiers sons, il était clair que Paris se meut dans un registre plutôt classique de la morna (le pendant capverdien du fado) et de la coladeira (plus gaie et plus cadencée), reprenant des airs traditionnels pour les réarranger dans un style orienté vers le jazz, voire le pop, mais toujours très rythmés et précis. Il est intéressant de noter que dans la morna, les voix d’hommes se situent à un niveau de son assez élevé pour les oreilles européennes, ce qui s’explique peut-être par son origine de lamentation. Côté instruments, c’étaient les guitares qui dominaient la scène : une guitare électrique joué par Tito Paris lui-même, un cavaquinho électrique, une guitare classique, une basse. Elles étaient entourées par un harmonium, une batterie ainsi qu’un saxophone.
Si au début, les arrangements sonnaient assez sages et « mainstream », une dynamique se créait petit à petit, soutenue par les duos du chanteur et du saxophoniste, dont l’instrument apporta une touche très originale. Et lorsque la « special guest » Sara Tavares monta sur scène, le public était conquis. La chanteuse et compositrice portugaise, de parents capverdiens, est très connue dans son pays natal pour son style mélangeant les sons traditionnels portugais et africains au jazz et au soul. Les deux stars étaient bien en phase et leurs voix se mariaient avec bonheur.
Malheureusement, la bonne ambiance était quelque peu freinée par plusieurs facteurs : d’un côté, l’atmosphère feutrée de la grande salle n’était pas du tout adaptée au style du concert et les fauteuils fixes rendaient impossible de se mouvoir au rythme des chansons ; d’autre part, les interventions fréquentes des agents de sécurité par rapport aux gens qui voulaient prendre des photos étaient un peu irritantes. Dans ces conditions, il n’était pas facile d’amener le public à participer, malgré le fait que beaucoup de gens connaissaient souvent la mélodie et le texte – pour la plupart dans un mélange de portugais et de créole qui restait souvent hermétique, même pour mon copain portugais. Paris se référait également à la tradition capverdienne en reprenant la chanson « Bejo de saudade » du compositeur et chanteur Francisco Xavier da Cruz.
Le sympathique chanteur pour sa part dialoguait beaucoup avec le public entre les chansons, dessinant l’image d’une diaspora capverdienne fortement liée à son archipel d’origine, mais se sentant également « chez soi » dans les pays d’accueil. En s’exclamant « Cantar aqui no Luxemburgo é cantar em casa » (« Chanter au Luxembourg, c’est comme chanter chez soi »), il encaissa des applaudissements enthousiastes.