Donald Trump a été réélu à la tête de la première puissance mondiale. Un come-back qui n’augure rien de bon pour la démocratie, le climat, les femmes, les minorités, et sans doute le reste du monde.
Au terme d’une campagne virulente, après un coude-à-coude dans les sondages jusqu’aux derniers instants, le couperet est finalement tombé assez vite, tranchant : quand il a fallu plusieurs jours en 2020, voire plusieurs semaines en 2000, pour s’assurer des résultats, en une nuit seulement Donald Trump a été déclaré vainqueur des élections présidentielles américaines, devenant ainsi le 47e président des États-Unis. À l’heure où nous publions ces lignes, il a réussi à rassembler 295 grands électeurs sur les 538 du collège électoral. Impossible dès lors pour Kamala Harris de remonter la pente. Elle a d’ailleurs reconnu sa défaite.
Celui qui fut déjà le 45e président des États-Unis remet donc le couvert pour un nouveau mandat de quatre ans. Mais l’homme de 78 ans revient plus aguerri, plus au fait des failles du système, mieux préparé et mieux entouré pour appliquer une politique très ancrée à droite, faite de durcissement en matière d’immigration (il a promis « la plus grande opération d’expulsion [de migrant·es] de l’histoire américaine »), d’une augmentation des frais de douanes (avec la relance probable d’une guerre économique contre la Chine, qu’il a toujours dans le viseur), d’isolationnisme, d’ingérence dans la vie des femmes et dans leur droit à disposer de leur corps (il a affirmé vouloir les « protéger, qu’elles le veuillent ou non »), ainsi que du détricotage d’une politique climatique déjà contestable, en bon climatosceptique qu’il est. Des mesures qui pourraient être d’autant plus facilement applicables que les républicains ont repris le contrôle du Sénat et pourraient bien conserver également la Chambre des représentants, assurant dès lors un pouvoir sans partage au Grand Old Party et à ses dérivés radicaux.
Si une victoire de Kamala Harris n’aurait peut-être pas rendu à l’Amérique sa grandeur, elle aurait tout de même permis – et ce n’est pas négligeable – aux femmes de retrouver des droits pour l’instant en plein recul et garanti aux alliés une relative stabilité. Bien sûr, on aurait aimé que les États-Unis retrouvent leur rôle de phare dans la nuit et de première démocratie du monde, en prenant un autre virage qui aurait été lui aussi historique, en élisant une Jill Stein, du parti des verts (car non, il n’y a pas que des républicains et des démocrates au pays de l’Oncle Sam), mettant fin à ce bipartisme qui, ces dernières années, s’avérait surtout de façade. Un doux rêve, clairement pas américain celui-là.
Avec la victoire de Donald Trump, on peut au moins être sûr·e d’une chose : l’avenir s’annonce chaotique. Celui qui aime s’accointer avec les autocrates est allé jusqu’à déclarer qu’il serait un dictateur « seulement le premier jour » de sa prise de fonction, laissant cette phrase libre de toutes les interprétations possibles. Que fera-t-il le 20 janvier ? Le glas sonnera-t-il pour la démocratie ? Car si Trump promet à ses électeurs·rices un âge d’or, on peut aussi craindre que le règne de celui parfois malicieusement surnommé l’« agent orange » signe le retour des cow-boys sans foi ni loi, guidés par des pulsions racistes, misogynes et par l’appât du gain, quel qu’il soit. Trump a trop souvent dénoncé les règles primaires de démocratie, s’affranchissant parfois de certaines d’entre elles (inutile de rappeler son implication dans l’assaut du Capitole), pour qu’on ne puisse pas s’inquiéter de son retour en force.
Et nous autres, Européen·nes, que ferons-nous de cette victoire, sur laquelle un Elon Musk a tout fait pour influer, n’hésitant pas à racheter un des réseaux sociaux les plus consultés pour faire passer ses idées, jusqu’à en manipuler l’algorithme afin de les faire encore plus ressortir ? La reconquête de la Maison Blanche par un Donald Trump revanchard risque de décomplexer encore davantage une parole publique fondée sur des idées et des propos nauséabonds. Espérons que l’UE ait su tirer les leçons de la précédente présidence de cette girouette, elle qui se retrouve face à une grande inconnue concernant la position américaine sur la guerre en Ukraine la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien..