Pour finir l’année en beauté, le Gudde Wëllen nous régalera avec Pick a Piper, le projet de Brad Weber – musicien canadien connu de certain-e-s par son apparition dans le légendaire groupe Caribou.

Il n’a pas piqué ses sons : Brad Weber est Pick a Piper.
Ça fait longtemps que la scène de musique canadienne n’a plus à se cacher. Certes, les voisins nordistes des États-Unis ont aussi attaqué notre ouïe et nos croyances dans le bon goût avec quelques armes de destruction massives comme Céline Dion ou Justin Bieber – n’empêche que des pointures comme Neil Young rétablissent l’équilibre. Mais si la musique canadienne est connue parmi les mélomanes, c’est surtout à cause de sa scène underground bouillonnante. Il y a par exemple le label mythique Constellation, de Toronto, qui a été à l’origine de toute une vague post-rock avec des formations comme Godspeed You! Black Emperor, Do Make Say Think ou encore Sofa.
Dans la même ville de Toronto, Brad Weber et ses acolytes se sont mis ensemble pour produire Pick a Piper. Un projet collaboratif, comme le décrivent eux-mêmes Weber, Angus Fraser, Clint Scrivener et Dan Roberts. Leur premier EP éponyme de mars 2009 (et publié en CD-R, donc gravé « à la main » et en digital) annonce déjà la couleur, voire les couleurs. Les premiers sons de l’opener « Yellowknife » entraînent directement dans une danse colorée et positivement rythmée. Des batteries qui pompent, des synthés qui soufflent et une voix aérienne qui survole le tout font qu’on a l’impression de se trouver dans un tunnel à vent bien chaud et agréablement coloré. Peut-être que les longs et rudes hivers dans l’Ontario y sont pour quelque chose. Ou peut-être est-ce le sens de l’ouverture de Brad Weber, qui signe la majorité des compositions.
En effet, Pick a Piper brouille les frontières entre rock indépendant, electro et musique de danse. Mais ce n’est pas une expérimentation qui fait saigner les oreilles, au contraire : tout est tenu dans un équilibre des plus harmonieux. Pas étonnant donc qu’après l’EP initial trois albums aient suivi – mais sans Clint Scrivener, qui n’a pas été remplacé.
Une autre spécialité du groupe est d’inviter des chanteurs divers pour les accompagner en studio. Les fans de rock indépendant des années 1990 et 2000 reconnaîtront sûrement un nom parmi les longues listes : John Schmersal, touche-à-tout et membre, voire leader, des légendaires formations Brainiac et Enon. Et comme par hasard, Brad Weber et John Schmersal travaillent ensemble aussi pour un autre groupe non moins connu : Caribou, pour lequel Weber se place derrière les fûts et Schmersal s’adonne à la guitare. Le projet mené par l’emblématique Dan Snaith est certainement pour beaucoup dans le développement de Pick a Piper – et probablement aussi une des raisons pour lesquelles le groupe n’a pas publié plus de disques jusqu’à présent. Pourtant, son dernier en date, « Sight », en octobre 2019, a reçu d’excellentes critiques et les trois musiciens brûlent sûrement d’envie de tester ces chansons en live.
En première partie, le public pourra découvrir le projet « Slumbergaze », d’un autre musicien passé des guitares aux machines. Cette fois, c’est Éric Junker qui s’aventure dans des sons issus de l’univers du hip-hop, qu’il associe avec des mélodies bien posées et, comme il le décrit lui-même, « des réminiscences de post-rock ». La boucle est donc bouclée, et mercredi prochain sera sûrement une des dernières bonnes soirées de l’année avant le stress des fêtes de Noël.