Un festival de musique contemporaine autour d’une église dans le Grand Nord (du Luxembourg) ? C’est possible avec « Odo Sonoritas », qui mêle traditions et création contemporaine dans un décor plutôt inattendu.
« Mon idée était de ne pas laisser dépérir les vieilles traditions, tout en essayant de les connecter à ce qui se fait dans le contemporain », explique Unki Unkelheusser, l’organisateur d’« Odo Sonoritas ». Déjà le nom du festival reflète son ancrage dans les siècles passés. Car le 18 novembre est le jour de vénération de saint Odon de Cluny – un moine du 9e siècle – qui est considéré comme le patron des musiciens. Le second d’une longue lignée d’abbés de Cluny, la vie et l’œuvre d’Odon ont été cruciaux à l’établissement de l’ordre bénédictin de Cluny, qui allait se maintenir jusqu’à sa suppression à la fin du 18e siècle.
Si l’« Odo Sonoritas » de Stolzembourg ne va pas puiser son inspiration jusqu’à l’époque d’Odon, un peu de Moyen Âge subsiste tout de même dans sa programmation. Ne serait-ce que pour la pièce maîtresse de la soirée : « Musik für einen heiligen Ort II », une commande passée au compositeur luxembourgeois Camille Kerger. Kerger s’est en effet inspiré de textes de Hildegard von Bingen pour créer sa pièce. Elle sera exécutée par du personnel haut de gamme. Avec la soprano Stephany Ortega, chef de chœur et pianiste qui a parcouru les scènes classiques luxembourgeoises après avoir été diplômée d’un master of arts du Conservatoire de Bruxelles. Et Borbála Janitsek au violoncelle : d’origine roumaine, elle est loin d’être une inconnue dans le monde musical international et local – où elle fait, entre autres, partie de l’ensemble Estro Armonico. La pièce de Kerger est écrite pour soprano et viole de gambe.
Les voix seront au rendez-vous un peu avant cette première avec l’ensemble de chœur autrichien « Via Sacra ». Spécialisé dans le chant grégorien, il aura dans ses bagages une messe redécouverte il y a peu à Klein-Mariazell et qui n’avait pas été chantée depuis 400 ans.
Mais l’évènement le plus audible de loin, et le plus contemporain par ailleurs, sera sûrement la performance « GlockenSpiel » de Pierrick Grobéty. Percussionniste et féru d’escalade, il va combiner ses deux passions pour offrir à tous les habitants de Stolzembourg et environs un spectacle pas comme les autres ; il montera en effet jusqu’au carillon de l’église pour faire sonner les cloches comme on ne les avait pas encore entendues !
Pour Unkelheusser, il est important de mettre l’accent sur l’esprit régional derrière ce festival : « Je voulais organiser quelque chose qui justement ne se déroule pas dans les cathédrales culturelles du centre ou du sud du pays, mais qui soit enraciné dans l’Oesling et qui fasse vivre la région un peu. » Pour l’animateur radio – les fins connaisseurs de Radio Ara savent qu’Unki est aussi le papa de l’émission « Bloe Baaschtert », une des émissions-phares de la scène de musique alternative -, se tourner vers les chants grégoriens et le Moyen Âge n’a rien d’une révélation spirituelle : « C’est juste une conséquence de mes engagements. Et cela reste dans l’esprit ‘Bloe Baaschtert’ – on prend des styles que tout oppose à première vue, on les mélange et on obtient du nouveau. »
Si le weekend prochain vous n’avez pas encore de plans et que vous êtes prêts à découvrir du nouveau – allez-y, vers le Nord !