Indie rock : Survivants

Pour beaucoup, le concert de Blonde Redhead marquera l’apogée des Congés annulés version 2018 – vu l’histoire et la longévité du groupe, il y a de quoi.

Depuis un quart de siècle une des références de l’indé – et sans trahir leurs débuts : Blonde Redhead. (Photo : Julien_Bourgeois)

Il y a des groupes qui savent faire évoluer leur style au fil des années, le changer même sans pourtant perdre leur authenticité, voire perdre leur son. Et Blonde Redhead est de ce lot de formations rares. Rares d’abord parce que presque tous les groupes mythiques comme The Lapse, Van Pelt, Brainiac ou encore Enon ne sont plus de ce monde, alors qu’eux semblent dans une trajectoire plus stable.

Ensuite parce que la composition du groupe est assez hétéroclite, voire cosmopolite. Composé de la chanteuse, guitariste et multi-instrumentaliste Kazu Makino (originaire de Kyoto) et des frères jumeaux Simone et Amedeo Pace (guitare et batterie – ils sont originaires de Milan), le groupe se forme en 1993 suite à une rencontre par hasard dans un… restaurant italien à New York.

À l’époque, la formation comptait encore un-e bassiste, mais après le départ de Toko Yasuda pour former les non moins mythiques Enon en 1995, cette place est restée vacante, même si jusqu’en 1997 l’Islandais Skuli Sverisson tenait la barre en live. Les premiers albums – un éponyme et le deuxième intitulé « La mia vita violenta » – passent encore un peu inaperçus dans le maelstrom du noise rock et indé qui est en train d’exploser non seulement à New York mais à travers le monde. S’y ajoute que ces premiers pas étaient encore lourdement imprégnés par les courants plus bruitistes, popularisés par les stars de l’underground comme Sonic Youth.

Ce n’est qu’à partir de leur troisième album, « Fake Can Be Just As Good », qu’on a vu les différences et le style propre à Blonde Redhead émerger. Après avoir sorti les deux premiers sur le label « Smells Like Records » de Steve Shelley (alors batteur de Sonic Youth), ils passent ensuite au plus prestigieux « Touch and Go Records ».

La tendance s’accentue avec l’album suivant, « In an Expression of the Inexpressible », avec des clins d’œil même à Serge Gainsbourg. Ce qui étonne peu vu la vaste culture musicale de tous les membres du groupe – les frères Pace ayant même étudié le jazz tous les deux. On notera aussi la production de cet album par Guy Picciotto – chanteur des emblématiques Fugazi et activiste de la scène hardcore dès les débuts.

Mais ce n’est qu’au cinquième album, baptisé « Melody of Certain Damaged Lemons », et surtout le très reconnu « Misery Is a Butterfly » que les tendances bruitistes disparaissent tout à fait de leur musique. Ceci non seulement à cause d’un énième changement de label (ils passent à 4AD), mais aussi parce que la chanteuse et principale créatrice du groupe Kazu Makino a dû prendre un temps off, après une sévère chute d’un cheval.

C’est aussi « Misery Is a Butterfly » qui leur vaudra d’être connus par un public plus large. Leurs compositions étant devenues plus accessibles et la part d’exotisme faisant sûrement partie du phénomène. Dernier album en date, « Barragan », dédié à l’architecte moderniste mexicain du même nom est sorti en 2014 – lui aussi apprécié par les aficionados de Blonde Redhead.

En somme, si vous avez tout raté aux Congés annulés cette année, tâchez au moins de faire en sorte d’être présents le 23 août.

Aux Rotondes, le 23 août.

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