La lutte menée contre une directive européenne concernant le secret des affaires par la journaliste Élise Lucet, rédactrice en chef de « Cash Investigation » sur France 2, n’a pas beaucoup été relayée dans la presse grand-ducale. Et pour cause, non seulement le Luxembourg poursuit un des journalistes de l’émission, Édouard Perrin, mais cette directive permettrait aussi de graver dans le marbre certains des principes de discrétion qui font le bonheur de la place financière. Cette directive instaurerait une protection des secrets d’affaires tellement efficace qu’un scandale tel que Luxleaks ou tel que celui du glyphosate cancérigène de Monsanto aurait été impossible à déceler. L’article 4.2 de la directive précise que ses mesures ne s’appliqueraient pas s’il y a « usage légitime du droit à la liberté d’expression et d’information », mais selon Lucet et le collectif « Informer n’est pas un délit », cela ne va pas assez loin, puisque trop flou. Tout comme les amendements votés le 16 juin au Parlement européen qui prévoient une meilleure protection des journalistes et lanceurs d’alerte. Ainsi, le plus simple serait de supprimer cette directive ou du moins d’en enlever l’article 4.2. En tout cas, le projet de loi sur la transparence des administrations déposé par Xavier Bettel semble avoir anticipé la directive, puisqu’il exclut aussi la divulgation d’« un secret ou une confidentialité protégée par la loi » (woxx 1303 et 1318). Notre premier ministre ferait mieux de s’inspirer du président Hollande, qui a cédé devant la pression des journalistes et a tout simplement retiré une disposition similaire de la loi Macron.
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