Protéger les plus vulnérables surtout en temps de crise sanitaire devrait être une priorité – pour les sans-abri et les réfugié-e-s, l’enthousiasme gouvernemental est pourtant bien moins grand que pour les PME et les banques.
C’est le député Déi Lénk Marc Baum qui s’est collé à la tâche de demander à la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen (étonnamment muette d’ailleurs depuis le début de la crise), quels moyens spécifiques ont été déployés pour protéger celles et ceux qui de toute façon croupissent en bas de l’échelle sociale. Est-ce qu’il faut dormir dans la rue quand l’heure est au confinement ? Les repas sont-ils toujours distribués ? Et quelles mesures ont été prises dans les foyers où la promiscuité est la règle ?
Dans sa réponse, la ministre Cahen déclare que la « Wanteraktioun » (WAK) a été prolongée jusqu’à fin mai, alors qu’elle aurait dû se terminer le 31 mars – une date que certaines organisations pensaient d’ailleurs prématurée, même sans crise sanitaire. La WAK pourrait même être prolongée au-delà, une décision à prendre « en cohérence avec la stratégie de déconfinement du gouvernement ».
Pour l’hygiène, il est précisé que chaque sans-abri peut prendre une douche ou laver ses vêtements à la WAK, que des toilettes ont été installées à Bonnevoie et que d’autres structures, la « Stëmm vun der Strooss » et la « Vollekskichen » continuent à fonctionner. Par contre, le « Para-Chute » à la gare de Luxembourg a été fermé. Des masques, des gants et du gel hydroalcoolique ont été distribués au personnel des structures, alors que pour les client-e-s, il y a 5.000 masques cousus maison mis à disposition par les scouts – les masques gouvernementaux, ça n’est que pour celles et ceux qui bossent, bien entendu.
En ce qui concerne les structures d’accueil, Corinne Cahen se contente de préciser que « les foyers destinés aux demandeurs de protection internationale, l’Office national de l’accueil (ONA) et la Structure d’hébergement d’urgence Kirchberg (SHUK) mettent en œuvre les mesures de prévention recommandées par le Conseil de gouvernement et appliquent strictement les instructions des autorités officielles dans toutes les structures d’hébergement sous leur responsabilité respective ». Des affiches officielles en arabe et tigrigna ont aussi été collées dans les structures – où du gel désinfectant a été mis à disposition et où les repas se prennent désormais dans les « chambres ».
Enfin, des « structures d’isolement » – sans évoquer de lieu précis – existeraient pour évacuer des personnes vulnérables. Et si jamais un cas de Covid-19 se présentait à la WAK, un transfert dans un « foyer spécialisé » est prévu aussi. Bref, la hiérarchie sociale n’a pas encore été renversée par la pandémie.