Alors qu’il rentre chez lui, trois policiers interpellent Fred Daniels : Il y a eu un double homicide, et Daniels, un homme noir, est le suspect idéal. Forcé à signer de faux aveux, il réussit à échapper aux policiers et disparaît dans une bouche d’égout. À l’abri, il observe la cruauté du monde d’en haut, celui des Blancs, depuis les obscures entrailles de la ville. La violence, néanmoins, ne met pas longtemps à le rattraper. Ce sont justement quelques-unes de ces scènes de violence extrême qui furent supprimées lors de la première publication de ce roman en 1942, les maisons d’édition les jugeant alors « insupportables ». Désormais restaurée dans sa version initiale, la valeur de l’ouvrage réside précisément dans le témoignage impitoyable que livre l’auteur, petit-fils d’esclaves, des crimes commis au nom du suprémacisme blanc. En décrivant lucidement le sentiment d’enfermement et l’absence de refuge que vit Daniels, Wright se livre à une dénonciation marquante du racisme structurel. Cette épopée cauchemardesque n’a rien perdu de son actualité.
L’homme qui vivait sous terre, de Richard Wright. Traduit de l‘anglais par Nathalie Azoulai. Paru dans son intégralité aux éditions Christian Bourgois.