Mikkel Nørgaard
 : Élitaires


Mørck et son ami Assad interrogent le passé, pour n’y trouver rien de bon.

Mørck et son ami Assad interrogent le passé, pour n’y trouver rien de bon.

« Fasandræberne (The Absent One) », le deuxième film tiré des best-sellers de Jussi Adler-Olsen, s’inscrit dans la même lignée que le précédent : un thriller noir et malicieux qui évoque tout, sauf l’ennui.

Même après leur premier grand succès, les deux enquêteurs du département Q de la police danoise, Carl Mørck et Assad, restent des parias dans leur environnement. « L’alcoolo et l’Arabe », comme les appelle un de leurs collègues, sont toujours relégués dans le sous-sol où ils doivent définitivement classer les affaires que leurs collègues n’avaient pas réussi à boucler des dizaines d’années auparavant. Tout juste ont-ils obtenu de s’adjoindre une secrétaire. Après une fête au commissariat, Mørck rencontre un vieil inconnu dans la cour qui le prie de bien vouloir regarder des dossiers qu’il lui a apportés.

Mais Mørck l’envoie balader et ne se rend compte de leur importance que quelques heures plus tard, lorsque son interlocuteur est retrouvé mort – un suicide de désespoir. Dans ces dossiers se trouve une enquête personnelle : l’homme, ancien policier, avait perdu ses deux enfants puis la raison. Il ne voulait pas croire la version officielle de l’histoire, prétendant son fils et sa fille victimes d’un suspect idéal – jeune, drogué et pas très intelligent.

Et pour cause : Mørck et Assad découvrent vite que quantité de détails clochent. Comment le suspect de l’époque a-t-il pu payer l’avocat le plus cher du pays ? Pourquoi toute une série d’attaques sauvages et de viols n’ont-ils jamais pu être élucidés, alors qu’ils se déroulaient tous dans les environs du pensionnat de Griffenholm – fréquenté par toute la haute bourgeoisie danoise – et, surtout, toujours un dimanche ? L’enquête, qui va vite prendre un rythme effréné, va les mener vers les plus hauts cercles du pouvoir et de l’argent.

Si « The Absent One » fonctionne aussi bien, c’est dû en premier lieu aux personnalités des enquêteurs. Mørck, le cabochard et taciturne avec son penchant pour l’alcool, sa misanthropie explicite et ses instincts qu’il suit jusqu’à la perte de contrôle totale et Assad, l’immigré, son unique ami et surtout le seul qui connaît ses ressorts et sait le calmer tout comme le rediriger vers les choses essentielles. Un duo infernal donc, qui ne lâche pas prise quand il est persuadé que quelque chose lui est caché et qui ne rechigne pas à dépasser toutes les limites de la bienséance.

Mais c’est aussi l’histoire qui se déploie petit à petit qui réussit à tenir le spectateur en haleine. Mikkel Nørgaard, qui a déjà dirigé « The Keeper of Lost Causes », la première partie des enquêtes du département Q, ainsi que certains épisodes de la série politique danoise « Borgen », démontre qu’il connaît son métier. Sans trop en dire, il ne dévoile que ce qui est nécessaire pour faire fonctionner l’intrigue. Sans trop faire dans le genre mystérieux non plus. Mais toute l’ampleur de l’horreur qui se cache derrière les tueries initiales et les crimes que Mørck et Assad réussissent à y associer n’est dévoilée que dans la dernière partie – exactement au moment où on n’a plus le temps de s’y attarder.

Seul bémol : on a parfois l’impression que le grand écran n’est pas le destinataire idéal pour ce type de film, qui fera assurément la joie des téléspectateurs dans quelque temps – surtout depuis que les séries sont devenues la forme artistique audiovisuelle par excellence.

Pourtant, cela ne devrait empêcher personne d’aller voir ce film en salle – on ne le regrettera pas.

À l’Utopia.

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