OPL et Gustavo Gimeno : Coll

Le dernier CD paru de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg sous la baguette de son directeur musical Gustavo Gimeno est consacré à un compositeur contemporain, Francisco Coll. Un bel aperçu de la musique du jeune Espagnol, où s’invite également la soliste Patricia Kopatchinskaja dans le concerto pour violon.

Ce sont très certainement les affinités électives espagnoles de Gustavo Gimeno qui ont mené à ce projet, et on ne va pas s’en plaindre : la musique de Francisco Coll, né en 1985 à Valence, mérite cet enregistrement techniquement impeccable et musicalement inspiré. L’emblématique concerto pour violon, qui ouvre le CD, a été écrit pour Patricia Kopatchinskaja, et c’est elle qui bien entendu y tient la partie clé. L’énergie de l’interprète, palpable dans tous ses concerts, a manifestement motivé le compositeur. Tout au long de la pièce, il va osciller entre passages martiaux – dès le début – et récitatifs tendres, mais toujours tendus vers un idéal musical qui ne renie pas le folklore espagnol tout en adoptant un langage résolument contemporain. Une musique qui évite le caractère sec de bien des pièces modernes en ne négligeant pas l’immense pouvoir mélodique du violon, particulièrement bien rendu dans le deuxième mouvement par exemple. Kopatchinskaja est dans son élément et l’orchestre scintille, vibre ou dépose ses accords dans une harmonie quasi parfaite. De quoi avoir envie d’entendre à nouveau cette pièce en concert.

Il est intéressant de comparer ce concerto très récent au premier opus du compositeur, « Aqua cinerea » qui clôture l’enregistrement. Si cette pièce que Coll a écrite à 19 ans n’a pas l’ampleur structurelle de la précédente, elle est déjà représentative de sa patte, avec son orchestration chatoyante et son attention particulière à la mélodie, au chant. On se dit que la séduction de la musique du compositeur se déploie dans les tempos lents, tout en ménageant des pics de tension rythmiques et dynamiques qui les encadrent, qui répondent à l’attente. Car lenteur ne signifie pas ici facilité ou mièvrerie : même lorsque les mesures prennent leur temps, il y a toujours chez Coll l’anticipation d’un déferlement, quelques notes dissonantes et basses qui préfigurent l’éclat.

Le CD complète ce grand écart entre pièce récente et premier opus par trois autres morceaux joués par l’OPL et Gustavo Gimeno avec le même enthousiasme – véritablement perceptible dans la manière d’attaquer les notes ou de les tenir. Une heure et vingt minutes de musique pour découvrir un jeune compositeur espagnol qui fera certainement encore parler de lui, c’est une excellente proposition de l’OPL et de son directeur musical, qui mènent leur barque sereinement mais avec virtuosité dans le domaine des enregistrements.


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