Septième CD de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg sous la baguette de Gustavo Gimeno pour le label Pentatone, la « Petite Messe solennelle » de Gioachino Rossini vient de sortir. Compte rendu d’écoute.
Si le « Requiem » de Verdi comporte des accents opératiques certains, la « Petite Messe solennelle » de son prédécesseur Rossini est une œuvre beaucoup plus épurée et au sentiment religieux plus retenu. C’est que le vieux maître, en retraite de sa carrière à l’opéra, l’a composée d’abord pour un ensemble intimiste destiné à se produire dans une chapelle privée. Mais pour éviter l’orchestration opportuniste après sa mort d’un musicien en quête de cachet et de gloire, il s’est attelé à une version pour orchestre et chœur peu avant sa mort. C’est celle-ci que Gustavo Gimeno a choisie pour l’Ouschterconcert de l’année dernière, l’enregistrant un peu avant à la Philharmonie.
Dès le « Kyrie » introductif, on sent parfaitement le retour en arrière que Rossini entendait effectuer par rapport à ses opéras, lui qui savait l’ère du bel canto en déclin. L’inspiration est pleinement mozartienne, et le chœur du milieu est même plutôt Renaissance, lorgnant du côté de Palestrina. Dans cet exercice, on ne peut s’empêcher de craindre au début la fougue du jeune directeur musical de l’OPL, qui l’avait montrée lors du « Requiem » de Verdi. Mais justement, Gimeno sait ici faire preuve d’une retenue parfaitement adaptée à la pièce, dirigeant aussi avec une fluidité mélodieuse la toujours impeccable Wiener Singakademie.
Dès le « Gloria » qui suit, aux accents haydniens et à la belle conclusion en fugue avec un chœur décidément inspiré, les solistes – Eleonora Buratto (soprano), Sara Mingardo (mezzo-soprano), Kenneth Tarver (ténor) et Luca Pisaroni (basse) – apportent eux une certaine dimension opératique avec un registre très expressif. Même si le vibrato est de temps en temps un peu trop appuyé pour une œuvre à l’origine intimiste et si quelques notes aiguës du ténor sont parfois un peu incertaines, la palette de sentiments est bien rendue, comme il convient à une messe où gloire et humilité se succèdent. L’OPL et la direction de Gustavo Gimeno tissent un écrin sonore qui met sans cesse en valeur les voix, s’autorisant cependant de sporadiques forte dramatiques, comme dans le « Credo ». On retrouve avec plaisir la précision des attaques d’une pièce travaillée sur la durée, avec ce qu’il faut de lâcher prise lors des moments d’émotion. Le « Prélude religieux », en forme de prélude et fugue, permet également d’entendre l’orchestre seul, pour une fois, mais surtout l’orgue de la Philharmonie tenu par Tobias Berndt, avec ici des influences clairement venues du grand Bach.
Un disque à l’écoute agréable donc , mêlant intelligemment, grâce à une œuvre adéquate, parties orchestrales, vocales et à l’orgue. La politique diverse et exigeante d’enregistrement tracée par un directeur musical qui sait ce qu’il veut se voit là justifiée.