Le 23 septembre 2010, Casa Fabiana a ouvert ses portes. Nous fêtons cet anniversaire avec son alma mater, Fabiana Bartolozzi. Éducatrice de formation, elle a eu vers la quarantaine l’idée d’ouvrir un restaurant.
Lorsqu’une amie m’a dit : « Là où il y avait le cinéma Victory, on a tout démoli… Ne serait-ce pas une bonne place pour le restaurant ? », j’ai un peu hésité. Or, je me suis dit que le cinéma Victory était lié à ma jeunesse. J’habitais alors à Bertrange et je venais à la gare de temps en temps. J’aimais bien le cinéma Victory et le Marivaux, et j’achetais toujours dans un très bon magasin de sport avenue de la Gare. En 2007, j’ai acheté le local, et le restaurant a ouvert quelques années plus tard.
Pourquoi Casa Fabiana ?
Originaire du sud de Florence, mon père est arrivé avec sa famille en 1925. Mon grand-père a quitté l’Italie à cause du régime de Mussolini. Pour sa part, ma mère, née à Dudelange, était l’enfant d’une Luxembourgeoise et d’un Italien d’Émilie-Romagne, arrivé au Luxembourg en 1898. J’ai choisi un nom qui ramène à mon histoire personnelle : Casa Fabiana.
Biologique et local
Depuis toujours, je considère comme important de bien se nourrir, et pour cela il faut de bons produits. De même, il faut respecter la terre, héritage que nous léguons aux générations futures, sans oublier qu’il est essentiel de préserver la qualité et l’abondance de l’eau. C’était donc une évidence : si chez moi je cuisinais avec des aliments biologiques, dans mon restaurant il faudrait faire pareil. 98 % de nos produits sont biologiques et nous privilégions ceux qui proviennent du Luxembourg. Néanmoins, parfois, il faut faire des exceptions. Le principe bio s’applique aussi aux vins et aux bières.
Manger, boire, écouter, regarder, tricoter, discuter…
Nous sommes ouverts du lundi au samedi, de midi jusqu’à la fin d’après-midi, et aussi le vendredi soir. Environ une fois par mois, j’organise des soirées musico-gastronomiques ; deux après-midi par mois, un groupe de femmes se réunit pour tricoter et discuter autour d’un thé ou d’un café avec un morceau de tarte ; à peu près tous les deux mois, il y a des expositions de peinture.
Depuis quelques mois, vous avez un voisin qui représente l’opposition radicale aux notions de commerce juste et de nourriture bio.
Au début, c’était un choc ! Mais finalement c’est mieux d’avoir à côté un peu de mouvement qu’un espace vide.
Qui vient à Casa Fabiana ?
La majorité de la clientèle est composée de gens qui travaillent dans les parages. Bien sûr, il y a des habitant-es du quartier et aussi des personnes qui ont des besoins spécifiques ou des intolérances et savent que nous ferons de notre mieux pour les satisfaire.
Des changements dans le quartier que vous aimez ?
Les transports. Quand j’étais jeune, je prenais ma bicyclette, et heureusement je n’avais pas trop peur. Mais quand on y pense maintenant… On n’utilisait pas de casque, il n’y avait pas de pistes cyclables : ceci s’est amélioré. Et nous avons les bus et le tram.
Des changements qui vous déplaisent ?
Il n’y a plus de commerces traditionnels ou de produits de base, et on est forcé d’aller dans les grandes surfaces. Autrefois, par exemple, au Monopol on pouvait tout acheter. L’avenue de la Gare est pleine de commerces vides, probablement à cause des loyers trop élevés.
Des vœux ?
La Ville devrait plus travailler avec les propriétaires pour réduire les loyers et faciliter ainsi à nouveau l’installation des commerces, pas juste avec des pop-up stores. Il manque de la verdure et des espaces de rencontre. Lors de la réunion sur l’aménagement de la place de Paris, j’avais suggéré qu’il y ait des bancs rapprochés, pour que les gens puissent s’asseoir et discuter. Pourtant, ils sont très séparés, ce qui rend difficile la communication.
Le mot de la fin ?
Cela me ferait plaisir que par cet article de nouvelles personnes découvrent Casa Fabiana. Qui sait, si parmi les lectrices et lecteurs se trouve la personne qui un jour reprendra le restaurant sur la voie que j’ai entamée…
casafabiana.lu
Le quartier de la gare raconté par ses habitant-es
Le tram fonctionne, les travaux et la pandémie sont presque finis. Paca Rimbau Hernández repose la question qu’elle avait déjà posée – en 1999-2000 et en 2019-2020 – à des personnes qui résident ou travaillent dans le quartier de la gare : « Que reste-t-il de nos amours ? » (à retrouver dans les archives du woxx).
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