Que reste-t-il de nos amours ? (et 10/10) : « Une main lave l’autre, les deux lavent le visage »

Né au Kosovo en 1977 et arrivé au Luxembourg en 1998, Fatos Krasniqi est, depuis 2012, avec son frère Zeqir, le patron de l’hôtel Zurich et de la brasserie Barbarella.

Photo : Paulo Lobo

Je suis venu pour demander la protection internationale. Au Luxembourg, j’ai ressenti pour la première fois ce qu’était la liberté. Au début, je pensais que je rentrerais, mais je suis resté. Je me suis bien intégré et ai fondé une famille. Mes frères sont aussi restés. L’un d’eux, Dervish, est même devenu fonctionnaire au ministère de l’Éducation nationale ! Ma sœur est en Allemagne. J’ai rencontré de bonnes personnes qui m’ont donné du travail. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (9/10) : « Là où il y avait le Victory… »

Le 23 septembre 2010, Casa Fabiana a ouvert ses portes. Nous fêtons cet anniversaire avec son alma mater, Fabiana Bartolozzi. Éducatrice de formation, elle a eu vers la quarantaine l’idée d’ouvrir un restaurant.

Photo : Paulo Lobo

Lorsqu’une amie m’a dit : « Là où il y avait le cinéma Victory, on a tout démoli… Ne serait-ce pas une bonne place pour le restaurant ? », j’ai un peu hésité. Or, je me suis dit que le cinéma Victory était lié à ma jeunesse. J’habitais alors à Bertrange et je venais à la gare de temps en temps. J’aimais bien le cinéma Victory et le Marivaux, et j’achetais toujours dans un très bon magasin de sport avenue de la Gare. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (8/10) : Le flair de la grande ville

Dans les années 1976-1977, Germain Bintz quitte Howald et s’installe dans le quartier de la gare, rue Origer.

Photo : Paulo Lobo

C’était un appartement très chouette. J’aimais bien les autres résident-es de l’immeuble : Mme Jeanne, qui tenait le magasin de lingerie en bas, très gentille mais très énergique, une autre vieille dame qui me disait qu’elle priait pour moi chaque soir, une famille portugaise et, surtout, Johnny Glesener, l’un des pionniers de la musique swing et jazz au Luxembourg, pianiste et arrangeur, qui a consacré toute sa vie à la musique. Avant la guerre, il avait tourné dans toute l’Europe. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (7/10) : D’une langue à l’autre

Kabirou Adjibade, plus connu comme Kabi, est bénino-togolais. Il réside au Luxembourg depuis 1998.

Photo : Paulo Lobo

J’ai déposé mes valises au quartier de la gare, rue Glesener. Mon projet professionnel était de continuer mes études, mais ma femme travaillait, nous avions une fille et j’ai dû me lancer dans la vie active. Tout d’abord, j’ai travaillé quelques mois dans un cabinet d’avocats, mais la vie de bureau n’est pas faite pour moi. Ensuite, je suis resté à la maison pour m’occuper de ma fille, en bénéficiant du congé parental, qui venait de se mettre en place au Luxembourg. En 2001, j’ai travaillé au Books and Beans, qui se trouvait sur l’avenue de la Liberté. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (6/10) : Que la vie reprenne

Né au Luxembourg de parents originaires de Bari – « Ils sont arrivés au Luxembourg il y a à peu près 60 ans. Ils étaient très jeunes : mon père devait avoir 16 ans et ma mère 18 » –, Franco Anelli est le patron du Lord Nelson, pub historique placé à mi-chemin entre le quartier de la gare et le centre-ville. Pendant une bonne trentaine d’années et jusqu’à 2012, son père a géré l’emblématique « after » Saumur.

Photo : Paulo Lobo

Franco Anelli : Après le Pfaffenthal, Bonnevoie et rue Beaumont, quand j’avais dix ans, nous nous sommes installés à Gasperich. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (5/10) : Vie de quartier

Originaire de Madrid, Alejandra Manzano Valle est arrivée à Luxembourg en février 2000 afin de travailler pour une institution européenne. Les premiers temps, elle a habité à l’hôtel Molitor et à l’hôtel Italia. Elle a fait de la gare son quartier.

Photo : Paulo Lobo

Alejandra Manzano Valle : À l’hôtel Molitor, je prenais le petit déjeuner dans la cafétéria, et quand je voyais arriver le bus, je sortais en courant pour l’attraper ! C’est là que j’ai compris quel était l’un des points positifs de ce quartier : il est très bien connecté ! Je suis restée ensuite presque deux mois à l’hôtel Italia, parce que cela a pris du temps de trouver un appartement, pour moi qui étais venue seule. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (4/10) : Dans l’air du temps

L’hôtel Carlton est devenu hôtel Perrin. Gwendolyne Schommer, fille du propriétaire et cogérante, nous raconte.

Photo : Paulo Lobo

Gwendolyne Schommer : Mon arrière-grand-père paternel s’appelait Perrin, était entrepreneur et a fait construire le bâtiment, avec l’idée initiale de le vendre. Or celui-ci est devenu un hôtel. La famille Perrin est restée la propriétaire des murs. Un locataire a nommé l’hôtel Carlton. En 2020, nous avons décidé de raviver les traces de l’histoire familiale.

C’était votre projet, de relayer votre père dans la direction de l’hôtel ?


J’ai fait des études en communication visuelle et je n’avais jamais pensé travailler dans le milieu familial. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (3/10) : Un Chicago bon enfant

Si vous passez dans la rue de Reims, votre attention sera captée par les vitrines bigarrées de la galerie Painture Calon, un établissement où Philippe et Christel Calon fabriquent et vendent du pain (bio)logique, où sont exposés des dessins du jeune Jeremy, leur petit-fils, où l’on peut découvrir le travail de peintres cubains, feuilleter des livres d’art en espagnol ou regarder des photos de Cuba, des portraits de Fidel Castro et de Jean-Paul Belmondo, ce dernier avec à ses côtés Philippe Calon !

Photo : Paulo Lobo

Né le 21 décembre 1942 à Tourcoing, d’une mère eschoise, Philippe Calon est arrivé au Luxembourg en 1957. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (2/10) : Une femme indépendante

Originaire de Tondela, Amelia Gomes 
avait 16 ans à son arrivée au Luxembourg, en 1986. Elle habitait chez des oncles. À 18 ans, elle n’est pas rentrée, comme elle le souhaitait initialement.

Photo : Paulo Lobo

J’ai trouvé du travail dans la restauration et en trois mois j’ai appris le français. De la plonge, je suis vite passée au service des tables. Je suis restée dix ans dans ce secteur. J’ai abandonné l’idée de rentrer : je me suis habituée au Luxembourg et j’y ai rencontré mon futur mari et père de mes deux enfants.

Et l’épicerie Melita a démarré.


Mes beaux-parents et moi avons repris le magasin, qui existait depuis longtemps et avait eu des propriétaires luxembourgeois, italiens et portugais. mehr lesen / lire plus

Que reste-t-il de nos amours ? (1/10) : La passion du métier

Le 30 mars 2020, Savino Daloia nous confiait : « Je pense qu’une nouvelle poissonnerie ouvrira ses portes au même endroit. » Deux ans plus tard, au 31, rue de Strasbourg se trouve Thym & Citron, et la poissonnerie Kraken pointe son nez en face.

Photo : Paulo Lobo

À la base, une alliance : depuis décembre 2021, Florent Demesmaeker et Gérald Polis travaillent en collaboration avec Nico Daloia et Elvira Marchand.


Nico : Elvira et moi n’aurions pas pu rouvrir tout seuls.

Florent : Et nous non plus. Il nous fallait des gens avec de l’expérience.

Elvira : Pour moi, le plus important, c’était de revoir mes clients. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (16/16) : « Un grand merci de tout mon cœur à toute la clientèle »

Né à Barletta (Pouilles) en 1947, Savino Daloia est arrivé en Lorraine avec sa mère vers l’âge de quatre ou cinq ans, rejoindre son père, Giuseppe Daloia, qui avait déjà émigré et travaillait dans la sidérurgie.

Photos : Paulo Jorge Lobo

Environ douze ans après son arrivée, mon père a acheté une camionnette et, quand il finissait ses tournées à l’usine, il faisait du porte-à-porte et vendait du poisson frais. Jeudi, quand je n’avais pas école, je l’accompagnais.

À partir de mes quinze ans, j’ai commencé à travailler avec lui. Avec les porte-à-porte, nous faisions aussi le marché de Longwy. Beaucoup de client-e-s venaient du Luxembourg. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (15/16) : Maison Lessure : Six générations at work

Gilbert et Charly Schilling sont respectivement le gendre et le petit-fils de Micheline Lessure, l’héritière d’un magasin de vêtements de travail qui cette année fête ses 150 ans. Leur devise : qualité, confort et commerce équitable.

Photos : Paulo Jorge Lobo

Gilbert : La maison Lessure fut fondée en 1870 par l’arrière-arrière-grand-père de ma femme, Charles Lessure. Il était commerçant de tissus et de chaussures et se promenait avec un chariot sur les marchés. Il décida de se fixer et s’installa avenue de la gare, là où plus tard se trouverait Steinhäuser. Avec son fils Michel, il déménagea le magasin au 32 de la même avenue au début des années 1920. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (14/16) : Paulo et Paca : Le port de Luxembourg

Paulo Lobo (Baixa da Banheira, 1964) et Paca Rimbau (Grenade, 1957) se sont rencontrés grâce à l’exposition « Retour de Babel ». Depuis, leurs relations se sont étendues, que ce soit lors du Festival des migrations, du Flamenco Festival Esch, de Literatour, d’un bon concert ou d’une belle conversation. Cette série est leur dernier alibi, pour l’instant.

Photo : Paca Rimbau

Paca : Tu n’habites ni ne travailles à la gare, mais tu l’aimes…


Paulo : Oui, j’aime la gare de Luxembourg et tout ce qui l’entoure, avec tous les gens qui la traversent, qui l’habitent, qui y travaillent… En journée, c’est le seul endroit à Luxembourg où j’ai l’impression d’être dans une grande ville, urbaine, avec des gens et des petits commerces de tous les styles, avec une facilité de s’aborder les uns les autres. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (13/16) : Marcel et Josette : bien se nourrir pour mieux vivre

Marcel Triebel, originaire de Leudelange, et Josette Lentz, dudelangeoise, se connaissent depuis 33 ans. En octobre 1992, ils ont entrepris une aventure dont le but est de favoriser la bonne santé : « Naturstiffchen Knuewelek ».

Photos : Paulo Jorge Lobo

Josette : On a repris le magasin de Mme Ganzen, qui existait depuis 1962. Les fils de Marcel pratiquaient la course cycliste : vélo, cyclocross… et il voulait qu’ils se nourrissent bien. Ils mangeaient déjà bio.

Marcel : Je voulais que nos enfants aient de la nourriture saine. À la maison, nous faisions notre propre pain et étions déjà végétariens. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (12/16) : Leo et Lea : une affaire de famille

Un endroit au Luxembourg pour se sentir en Italie ? il s’appelle l’hôtel Italia. Depuis 2016, la société s’appelle Italia due et a un beau sous-titre : Leo et Lea. Le restaurant et ses recettes continuent de nous plonger dans l’année de sa création, 1962.

Photos : Paulo Jorge Lobo

Lea Antognoli est née à Luxembourg en 1985. Depuis 2016, elle travaille avec son père, Leo. « J’ai grandi ici. Après l’école, je venais manger ou attendais que mon papa finisse. Et, rêve d’enfant, je pensais qu’un jour je reprendrais l’affaire. Cela a conditionné mon parcours scolaire. J’ai fait l’école hôtelière à Diekirch. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (11/16) : « Self-made-woman »

Depuis 1965, Marie-Laure Monti est établie comme coiffeuse au 27, rue d’Anvers. Paradigme de la lenteur dynamisante, elle sait que, pour bien soigner les cheveux, il faut d’abord oublier la hâte et apprendre à respirer.

Photos : Paulo Jorge Lobo

En 1955, j’étais apprentie comptable chez Léopold Lévy, mais je ne me sentais pas à ma place, même si j’aimais les défis. Une jeune cliente de l’hôtel Italia m’a suggéré de devenir coiffeuse, parce que c’était un métier où on pouvait apprendre plein de choses. J’ai l’ai dit à ma mère, qui m’a rétorqué : « Oh, non ! T’es folle !  mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (10/16) : « La petite Marie-Laure de Remich »

27, rue d’Anvers, « Haute coiffure dames », une vitrine à l’ancienne, 
un intérieur atemporel. Marie-Laure 
Monti incarne pour l’auteure l’esprit de liberté nécessaire à toute entreprise individuelle ainsi que le courage de se battre avec bienveillance pour ses convictions. Elle est un pilier de la mémoire du quartier.

Photos : Paulo Jorge Lobo

J’avais sept ans, lorsque, à la fin de 1947, avec ma mère et mon frère, je suis arrivée à Luxembourg, en provenance de Rimini. En sortant de la gare, j’ai été éblouie, en voyant cette grande place et les beaux bâtiments. L’hôtel Alfa m’a impressionnée. On ne remarquait pas qu’il y avait eu une guerre ! mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (9/16) : « Les appareils remplacent la conversation »

Originaire du Monténégro, Muzafer Skrijelj habitait en Bosnie avant de venir au Luxembourg en 1992. Depuis juillet 1995, il travaille à la pizzeria Créole qui est devenue « presque un symbole, un repère pour des personnes de tous les âges ».

Photos : Paulo Jorge Lobo

Ma vie a traversé une phase difficile quand la guerre a éclaté. En 1992, j’ai dû arrêter mes études de mécanique générale et quitter mon pays. C’était assez dramatique. Mes parents sont restés au Monténégro et je suis parti, parce que je ne voulais pas être enrôlé dans l’armée.

J’étais déjà venu au Luxembourg en 1985. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (8/16) : Rencontres autour du cigare

Isabel Melanda et Zito Gomes se sont rencontrés au Luxembourg, en 1997. Aujourd’hui, ils tiennent ensemble un commerce qui a vu le jour en 1948. Isabel, née à Santarém, au Portugal, est arrivée à Luxembourg en 1995 avec l’intention d’y rester un an. Elle a rencontré Zito et n’est plus partie. Nous avons parlé longuement avec Zito, tandis qu’Isabel s’occupait du magasin.

Photos : Paulo Jorge Lobo

Je suis né à Gabela (Angola), en 1970. Mon père était gérant d’une plantation de café. J’ai de très bons souvenirs de cette époque-là. Après l’indépendance, nous sommes partis au Portugal et nous sommes installés à Lisbonne. mehr lesen / lire plus

Série : Que reste-t-il de nos amours ? (7/16) : Une certaine fierté

Psychiatre et psychanalyste, André Michels s’est installé avenue de la Liberté en 1979. Il n’y habite plus, mais y a gardé son cabinet. Son balcon est un excellent poste d’observation.

Photos : Paulo Jorge Lobo

Auparavant, je n’avais jamais imaginé que je m’installerais ici, mais une fois ici, j’y ai trouvé énormément d’avantages et, en particulier, la proximité de la gare. C’était pratique pour moi ainsi que pour mes patient-e-s.

Au début, j’ai été frappé par le tissu humain, moins mixte qu’aujourd’hui. Des familles y habitaient depuis longtemps, certaines depuis un siècle. Des gens qui étaient beaucoup plus âgés que moi me racontaient leur vie dans ce quartier, parlaient de la guerre, de leurs enfants. mehr lesen / lire plus